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ajoute vote favorable de Banco popolare

MILAN (awp/afp) - Les actionnaires de Banco popolare ont voté samedi en faveur de la fusion avec la Banca Popolare di Milano (BPM), qui doit encore se prononcer lors d'un scrutin important pour la consolidation du secteur bancaire italien.

Comme prévu, le projet a été validé en début d'après-midi par les actionnaires de Banco Popolare, réunis à Vérone, par 23.683 voix pour, 118 contre et 11 abstentions.

Le résultat du vote est en revanche plus incertain à la Banca Popolare di Milano (BPM), aux assemblées toujours plus agitées et où deux associations de retraités de la banque ont appelé à voter contre.

Lundi, les dirigeants de BPM ont écrit aux actionnaires pour les inciter à participer massivement à l'assemblée générale, afin de soutenir la naissance de "Banco BPM", appelée à devenir la troisième banque de la péninsule, derrière Intesa Sanpaolo et UniCredit.

Il s'agit d'un "choix important" dans un "contexte de grande incertitude pour le système bancaire italien", ont souligné le directeur général de BPM, Giuseppe Castagna, et le président de son conseil de gestion, Mario Anolli.

Près de 10.000 actionnaires étaient présents ou représentés en milieu de journée, un chiffre pouvant encore augmenter.

Une majorité des deux tiers est nécessaire pour que le projet soit validé.

Devant les actionnaires réunis dans un hall de la Fiera, le salon des expositions de Milan, M. Castagna a appelé les actionnaires hésitants à "regarder le futur et non le passé".

Il a martelé que le projet représentait "un saut" majeur, permettant de donner naissance à "une grande banque" en mesure de réaliser 1,1 milliard d'euros de bénéfice net en 2019, contre 600 millions pour les deux établissements séparés en 2015, grâce à des synergies et des réductions de coûts.

A Vérone, le président de Banco Popolare, Pier Francesco Saviotti, a tenu le même discours, en évoquant "une énorme opportunité", et "s'en priver serait un dommage grave".

La "grande banque" compterait 25.000 employés, 2.400 agences, quatre millions de clients et serait leader dans le nord de l'Italie, une des zones les plus riches d'Europe. Elle gèrerait 171 milliards d'euros d'actifs.

- Retraités 'irresponsables' -

Deux associations de retraités ont appelé les employés à ne pas se laisser intimider, et à voter non, martelant que la nouvelle banque serait un géant "aux pieds d'argile" et que la BPM perdrait ce qui fait aujourd'hui sa force. Le Mouvement 5 étoiles (M5M) est aussi hostile au projet.

L'AG de Milan devait durer plusieurs heures, 87 actionnaires ayant demandé à s'exprimer. Certains se montraient extrêmement véhéments à la tribune.

Les syndicats, qui ont négocié des accords notamment en matière sociale, ont apporté leur soutien à la fusion qui crée selon eux "de la valeur et des emplois".

Ils ont accusé les associations de retraités d'être "irresponsables et de jouer avec la peau des autres", avançant le spectre de la prise de contrôle de BPM par des fonds d'investissements américains "prêts à une boucherie sociale", une fois que la banque sera devenue une société anonyme comme l'exige désormais la loi.

La fusion entre en effet dans le cadre de la réforme des banques mutualistes lancée par le gouvernement de Matteo Renzi pour les rendre plus efficaces et les inciter à se rapprocher.

Alors que les actionnaires de ces banques disposaient jusqu'ici d'un droit de vote identique quel que soit le pourcentage de capital possédé, la loi impose désormais aux dix plus importants établissements d'accorder ce droit de vote en fonction du nombre d'actions détenues.

M. Castagna a lui aussi souligné qu'une fois devenue une société anonyme, la BPM, seule, "deviendra un petit plat exquis pour les banques et fonds étrangers".

Le rejet du mariage Banco Popolare-BPM serait un coup dur alors que le système bancaire italien suscite depuis des mois les inquiétudes des investisseurs, en raison de son éclatement (environ 700 établissements différents), du poids des créances douteuses et de problèmes de capitalisation.

Il sera "vu, surtout par les investisseurs et analystes internationaux, comme le signe d'une incapacité du système bancaire italien à changer et à renforcer sa stabilité", a expliqué à l'AFP Marco Giorgino, professeur à l'Ecole polytechnique de Milan.

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