Pékin (awp/afp) - L'agence d'évaluation financière Moody's a relégué jeudi en catégorie spéculative la note de Bank of Communications (BoCom), la cinquième banque publique chinoise, s'inquiétant du coût de son financement sur le marché et d'une rentabilité sous pression --signe des fragilités du secteur financier en Chine.

Moody's a rétrogradé d'un cran, à Ba1 contre Baa3, la note de la dette de long terme de Bank of Communications, témoignant de doutes sur la capacité de l'émetteur à respecter ses engagements.

Et ce en dépit du fait que la banque soit sous contrôle de l'Etat et du récent relèvement de la perspective qu'attribue l'agence de notation à l'ensemble du secteur bancaire chinois.

La dégradation simultanée des notes de long terme et de court terme de Bank of Communications "est justifiée par son mode de financement fragilisé, par rapport aux autres grandes banques étatiques chinoises", a expliqué Moody's dans un communiqué.

BoCom s'appuie davantage que ses rivales sur la vente de produits financiers et prêts interbancaires et dispose d'une base moins robuste de dépôts. "Le renchérissement de ses coûts de financement sur le marché met sa rentabilité sous pression", avertit l'agence de notation.

D'une taille sensiblement inférieure à celle des quatre mastodontes du secteur bancaire en Chine, les banques de taille moyenne telle que BoCom ont cherché à développer des sources de financement distinctes des dépôts.

Mais Pékin impose désormais un durcissement réglementaire drastique au secteur financier, pour lutter notamment contre la "finance de l'ombre" non régulée et les risques liés à l'endettement.

Les liquidités octroyées par la banque centrale ont été restreintes et le marché interbancaire (sur lequel les établissements se prêtent de l'argent entre eux) s'est nettement tendu: de quoi tarir ou renchérir les sources de financement dont dépend Bank of Communications.

A l'inverse, les quatre grandes banques ont fait état fin août de bénéfices en hausse au premier semestre, voyant reculer leur ratio de créances douteuses. Conséquence de la lutte contre la finance de l'ombre, les banques étatiques traditionnelles ont vu affluer des entreprises désireuses de se financer mais trouvant guichet fermé ailleurs.

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