(Actualisé avec déclarations de Merkel)

FRANCFORT, 21 avril (Reuters) - Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a réfuté jeudi les critiques allemandes contre la politique monétaire jugée trop laxiste de l'institution, déclarant que la BCE était indépendante et obéissait à la loi, pas aux responsables politiques.

"Nous avons pour mandat de préserver la stabilité des prix dans l'ensemble de la zone euro, pas seulement en Allemagne", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE.

Les critiques se multiplient en Allemagne contre les mesures prises par la BCE pour tenter de relancer l'inflation et l'activité économique en zone euro, les taux particulièrement bas qu'elle génère ayant un impact sur les revenus de l'épargne des ménages.

Le président de la BCE a été directement pris pour cible pour avoir déclaré que la "monnaie hélicoptère", qui consisterait pour la banque centrale à distribuer directement de l'argent aux ménages, était un concept intéressant.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a été jusqu'à rendre la politique monétaire ultra-accommodante de la BCE responsable de la montée du parti populiste anti-immigration Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Mario Draghi a déclaré que la possibilité de recourir à de la "monnaie hélicoptère" n'avait pas été évoquée lors de la réunion de jeudi et que la politique suivie par l'institution de Francfort n'avait rien d'exceptionnelle dans l'environnement économique actuel.

"Nos politiques ne sont pas très différentes des politiques dans le reste du monde", a-t-il dit. "Et nos politiques fonctionnent."

Peu après ces déclarations, la chancelière allemande, Angela Merkel, a jugé légitimes les critiques visant la banque centrale tout en réaffirmant l'indépendance de cette dernière.

"La BCE est indépendante pour mener ses politiques. Elle dispose d'un mandat clair", a-t-elle dit à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, à Eindhoven, aux Pays-Bas.

"Il est légitime que des gens, en Allemagne, discutent du fait que les taux d'intérêt ont été bien supérieurs, mais il ne faut pas qu'il y ait de confusion entre cela et des interférences dans la politique indépendante de la BCE, que je soutiens", a-t-elle ajouté.

(John O'Donnell, avec Thomas Escritt et Tom Koerkemeier à Eindhiven;Yann Le Guernigou pour le service français, édité par Marc Angrand)