LONDRES, 3 octobre (Reuters) - Le directeur général du distributeur britannique John Lewis a présenté ses excuses vendredi, après avoir déclaré que la situation de la France était désespérée, que rien n'y fonctionnait et que les investisseurs feraient mieux de retirer leur argent rapidement.

"Je n'ai jamais été aussi mal à l'aise dans un pays (..) Rien ne fonctionne et pire, personne ne s'en soucie", a déclaré Andy Street, selon des propos rapportés par le Times.

Une porte-parole de la chaîne de grands magasins britannique a reconnu qu'Andy Street avaient tenu ces propos, qui n'étaient pas destinés à "être prix au premier degré".

Le patron de John Lewis a ensuite publié un communiqué pour s'excuser. "Mes remarques étaient de l'ordre de la plaisanterie et de l'ironie. En y réfléchissant, je suis à l'évidence allé bien trop loin. Je regrette ces propos et je m'excuse sans réserve."

Andy Street, qui a fait toute sa carrière chez John Lewis après avoir été diplômé d'Oxford, a qualifié de sclérosée la deuxième économie européenne et a comparé négativement Paris à Londres.

"Vous montez dans l'Eurostar depuis ce que je ne peux décrire que comme la fosse miséreuse de l'Europe, la Gare du Nord, et vous en descendez dans une gare moderne et tournée vers l'avenir (St-Pancras)", a-t-il déclaré, selon le Times, lors d'un dîner à Londres, après que son train en provenance de Paris a été retardé.

Andy Street a également fait peu de cas de la récompense "en plastique" remise à John Lewis à Paris lors du Congrès mondial de la distribution (World Retail Congress). "C'est franchement écoeurant."

"Si j'avais besoin d'une preuve supplémentaire que la France est un pays en déclin, là voila. A chaque fois que je la regarde, je me dis 'que Dieu aide la France'", toujours selon les propos rapportés par le journal britannique.

"Si vous avez des investissements dans des entreprises françaises, retirez-les rapidement."

John Lewis, dont la clientèle est globalement aisée, fait figure de meilleur élève du secteur de la distribution en Grande-Bretagne.

Le groupe a publié en septembre une hausse de 62% de son bénéfice d'exploitation au titre du premier semestre, à 56,3 millions de livres, avec des ventes en hausse de 9,4% à 1,87 milliard de livres.

John Lewis, qui distribue de nombreux produits français, prévoit de décliner une version francophone de son site de commerce en ligne, avec des prix libellés en euro. (Guy Faulconbridge et James Davey, Mathilde Gardin pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)