* Bruxelles refuse toute surenchère avec Moscou - Barroso

* L'UE ne versera pas d'argent en plus de l'aide déjà promise

* L'accord d'association avec l'UE est toujours d'actualité (Ajoute précision du département d'Etat §5)

par Adrian Croft

BRUXELLES, 3 février (Reuters) - L'Union européenne a démenti lundi préparer un plan d'aide financière massive pour l'Ukraine en expliquant ne pas vouloir entrer dans un processus de surenchère avec la Russie, qui a promis 15 milliards de dollars à Kiev après l'avoir dissuadée de signer un accord d'association avec les Vingt-Huit.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a reconnu l'existence d'une réflexion sur les moyens d'aider l'Ukraine à surmonter la grave crise économique à laquelle elle est confrontée, mais il a assuré que l' UE n'avait aucune intention de mettre la main au portefeuille pour convaincre un pays de se rapprocher d'elle.

"Nous n'allons pas entrer dans un processus de surenchères pour déterminer qui paie le plus" pour tenter de convaincre l'Ukraine de signer un accord d'association, a-t-il déclaré.

Le Wall Street Journal a écrit lundi, en citant la porte-parole de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, que l'UE et les Etats-Unis étaient en train de mettre au point un important programme d'assistance financière pour l'Ukraine.

Lundi soir, le département d'Etat américain a déclaré qu'il avait "entamé des consultations avec l'UE (...) et d'autres partenaires à propos du soutien dont l'Ukraine pourrait avoir besoin après la formation d'un nouveau gouvernement technique", ajoutant que les consultations en étaient à un stade "très préliminaire".

Plusieurs responsables européens ont toutefois dit à Reuters, sous le sceau de l'anonymat, que Bruxelles ne prévoyait pas de débloquer d'aide supplémentaire à celle qui est prévue en cas de signature de l'accord d'association.

Le refus du président Viktor Ianoukovitch de signer cet accord, en novembre, est à l'origine du mouvement de contestation qui paralyse le pays depuis deux mois.

"PAS D'ARGENT EN PLUS"

"Il n'est pas question de verser de l'argent en plus. Elle (Catherine Ashton) a évoqué plusieurs options mais il a toujours été clair que cela s'inscrirait dans le cadre du programme qui répond aux besoins à court terme et à long terme (de l'Ukraine)", a dit un des responsables.

L'aide européenne reste conditionnée à l'adoption par Kiev de réformes politiques et économiques et à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), a-t-il ajouté.

Un autre responsable européen a déclaré que les Vingt-Huit ne disposaient pas de fonds en réserve, en plus de ceux qui ont déjà été budgétés.

Bruxelles a promis à l'Ukraine un prêt de 610 millions d'euros en cas d'accord avec le FMI et a évalué à 19 milliards d'euros le montant des prêts et dons dont bénéficierait Kiev sur sept ans en cas d'association avec l'UE.

Cette offre reste d'actualité, ont dit les responsables européens.

Selon José Manuel Barroso, la CE regarde avec ses partenaires "s'il est possible de faire un peu plus" pour aider l'Ukraine à sortir de l'ornière, mais il s'agirait au mieux d'un coup de pouce à court terme.

"Nous sommes opposés à l'idée de devoir payer pour qu'un pays signe un accord d'association. Notre meilleure offre à l'Ukraine, c'est l'accord lui-même. Nous offrons à l'Ukraine l'accès au plus grand marché du monde qu'est le marché intérieur de l'Union européenne", a-t-il insisté. (Avec Luke Baker et Justyna Pawlak; Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)