Genève (awp) - Les bénéfices engrangés par les banques genevoises ont connu une évolution plutôt négative au premier semestre 2016. Une majorité d'entre elles a vu le résultat net s'effriter sur un an, selon l'enquête conjoncturelle dévoilée mardi par la Fondation Genève Place Financière (FGPF). En termes d'actifs sous gestion et d'apports d'argent, le bilan s'avère plus contrasté.

"La compétitivité de notre place financière n'est pas acquise du tout", a résumé en conférence de presse le président de FGPF Yves Mirabaud, en soulignant les menaces qui pèsent sur le secteur à Genève. Les incertitudes quant à la libre circulation des personnes, à l'accès au marché étranger et la fiscalité des entreprises doivent être levées, a-t-il martelé à l'adresse des autorités politiques.

Genève a dégringolé au 23e rang d'un récent classement des places financières mondiales, perdant huit places. Le "manque de prévisibilité" est à l'origine de cette chute. Toutefois "grâce à la solidité de ses établissements bancaires, mieux capitalisés qu'avant la crise, elle est toujours considérée comme un global leader", a néanmoins relativisé M. Mirabaud.

BÉNÉFICES ET RECETTES EN BERNE

Plus de la moitié des banques de plus de 200 employés sondées ont enregistré une baisse supérieure à 8% du bénéfice net. Pour une majorité d'établissements moyens (de 50 à 199 emplois) , les profits se sont repliés d'au moins de 3%. Le bilan est à peine meilleur pour les petites banques (moins de 50 emplois) et les gérants indépendants interrogés. Ces derniers ont subi un recul du bénéfice pour plus de 45% d'entre eux.

En termes de recettes, plus de 60% des "grandes" banques interrogées accusent une baisse supérieure à 3%, comme près de 50% pour les moyennes et plus de 45% pour les moyennes. Ce recul des recettes s'est accompagné d'une baisse dans les établissements importants et une hausse dans les petits.

Pour Edouard Cuendet, directeur de la fondation, les incertitudes relatives à l'accès au marché étranger et la nécessité de maîtriser les coûts expliquent principalement les coupes dans les effectifs.

Une très forte majorité (72,7%) des banques de grande taille a accusé une baisse de actifs sous gestion, entre -3% et -7% sur les six premiers mois de 2016. Les autres établissements se situent entre stabilité et hausse plus ou moins importante. Dans l'ensemble, la plupart des gérants indépendants ayant participé à l'enquête oscillent entre -7% et +7%.

ORIENTATION INTERNATIONALE

Au niveau, des apports d'argent, les banques de 200 emplois et plus ont connu une progression négative, soit 80% pour des sondées ou le double par rapport à l'étude précédente. Cette tendance défavorable touche également les autres catégories d'établissements, dans une mesure toutefois moindre.

Ces afflux sont arrivés principalement de l'étranger. "Cela souligne, et ce n'est pas un scoop, l'orientation résolument internationale de la place financière genevoise et sa dépendance à l'accès au marché étranger", a souligné M. Cuendet.

Pour l'ensemble de l'exercice 2016, la prudence prévaut. Les établissement qui tablent sur une hausse du bénéfice net et du produit d'exploitation sont clairement minoritaires. Les banques de plus de 200 emplois prévoient majoritairement de couper dans les effectifs, alors que la tendance est plus contrastée ailleurs. Pour 2017, les estimations demeurent teintées de prudence.

Luxembourg a été citée comme la destination privilégiée par les banques interrogées, si celles-ci venaient à transférer leurs activités hors de Genève. Pour les dirigeants de FGPF, cela souligne l'importance de l'accès au marché européen. L'intérêt pour Singapour, qui avait été cité le plus de fois l'année dernière, a fondu comme neige au soleil.

La place financière genevoise compte 110 banques qui employaient 18'900 personnes à fin 2015. Le nombre d'emplois total, avec les sociétés financières et les gérants indépendants, atteint 37'000. FGPL assure que son étude conjoncturelle jouit d'un "fort retour" et s'avère donc représentative.

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