New York (awp/afp) - First Republic était sous le feu des projecteurs à Wall Street jeudi, son action bondissant après des informations suggérant que de grandes banques américaines étaient prêtes à venir à sa rescousse pour éviter qu'elle ne devienne le prochain établissement à faire faillite.

La journée avait mal débuté pour la banque, son titre perdant jusqu'à 36% après un article de l'agence Bloomberg affirmant que First Republic explorait des "options stratégiques" pour son avenir, y compris une possible vente. Il avait déjà perdu 21% la veille et 73% depuis le 8 mars.

Mais le titre a commencé à reprendre du terrain à la suite d'informations du Wall Street Journal selon lesquelles JPMorgan Chase, Morgan Stanley et d'autres grandes banques tentent de venir en aide à First Republic et discutent de diverses alternatives, dont une augmentation de capital.

Et il est repassé dans le vert quand la chaîne CNBC a précisé que des banques étaient prêtes à mettre 20 milliards de dollars sur la table.

Contactée par l'AFP, la banque s'est refusée à tout commentaire.

First Republic, fondée en 1985 et basée à San Francisco, est la 14e banque américaine par la taille des actifs.

Elle fournit des services de banque privée pour les particuliers et pour les entreprises et de gestion de fortune, avec des bureaux principalement en Californie mais aussi sur la côte Est (New York, Massachusetts, Connecticut, Floride), dans les Etats de l'Oregon, de Washington et du Wyoming.

En bref, elle a "une clientèle aisée concentrée dans les zones urbaines côtières", décrit dans une note Eric Compton, analyste pour Morningstar.

Risque de fuite des dépôts

Dirigée jusqu'à mi-2021 uniquement par son fondateur Jim Herbert --qui a laissé sa place de directeur général à Mike Roffler tout en gardant le poste de président du conseil d'administration--, elle a enregistré "une croissance organique remarquablement élevée année après année", note Eric Compton: elle est passée de 22 milliards de dollars d'actifs fin 2010 à 212 milliards fin 2022.

Mais le profil de sa clientèle est devenu récemment une faiblesse après les défaillances rapprochées de Silicon Valley Bank, Signature Bank et Silvergate, des banques qui avaient misé sur des secteurs d'activités particuliers, le monde de la tech pour SVB ou celui des cryptomonnaies pour Signature Bank et Silvergate.

Selon l'agence S&P Global Ratings, 68% des dépôts chez First Republic sont sur des comptes dépassant 250.000 dollars, soit la limite garantie habituellement par les autorités.

Même si les clients viennent de secteurs économiques diversifiés, certains craignent que nombre d'entre eux préfèrent déplacer leur argent dans de plus grosses banques ne présentant a priori aucun risque de défaillance car trop importantes pour que les régulateurs les laissent fermer.

Déjà surveillée de près depuis quelques jours, la banque avait indiqué dimanche avoir "renforcé et diversifié ses liquidités" et disposer de 70 milliards de dollars grâce aux facilités offertes par la banque centrale américaine et à JPMorgan Chase.

Insuffisant aux yeux des agences de notation S&P Global Ratings et Fitch, qui ont abaissé mercredi la note qu'elles accordent à la dette de la société dans la catégorie des investissements spéculatifs.

"Nous pensons que le risque de fuite des dépôts est élevé à First Republic Bank malgré les mesures prises par les régulateurs bancaires et le fait que la banque augmente activement sa capacité d'emprunt pour atténuer le risque lié aux faillites bancaires de la semaine dernière", justifie S&P dans une note.

afp/rp