Kingfisher, qui était encore le deuxième transporteur aérien indien il y a un an, a été la première victime des turbulences dans l'industrie de l'aviation en Inde. Les six principaux transporteurs du pays affichent une dette totale de 20 milliards de dollars et des pertes annuelles de 2 milliards.

Le groupe est désormais la plus petite compagnie aérienne en Inde en terme de capitalisation boursière. Le titre de la société a plongé de plus de 80% depuis début 2011, valorisant Kingfisher en Bourse à moins de 100 millions de dollars.

L'action a encore perdu plus de 5% en Bourse jeudi, après avoir touché à un plus bas historique à 10,35 roupies dans les premiers échanges.

La compagnie aérienne, détenue par le magnat des spiritueux Vijay Mallya, a perdu 11,5 milliards de roupies (165 millions d'euros) entre janvier et mars, à comparer avec une perte de 3,6 milliards un an auparavant.

Un analyste interrogé par Thomson Reuters I/B/E/S attendait une perte de seulement 4,1 milliards de roupies.

Le transporteur met en cause les prix élevés du carburant, la faiblesse de la roupie ainsi qu'un "environnement opérationnel difficile, sans précédent", mais a indiqué qu'il espérait retrouver une activité normale dans les douze mois.

"Le groupe a un programme axé sur la relance de sa flotte et espère renouer avec une activité normale au cours des douze prochains mois, soutenu par un plan de recapitalisation que l'entreprise poursuit activement et entend bien achever", a indiqué Kingfisher dans un communiqué.

Le transporteur aérien a besoin d'au moins 500 millions de dollars immédiatement pour continuer de voler, selon le Centre d'aviation pour l'Asie-Pacifique, mais il n'y a eu aucun signe de financement à court terme.

L'Inde entend permettre aux compagnies aériennes étrangères d'investir à hauteur de 49% dans le capital des compagnies aériennes du pays, une mesure ardemment défendue par Kingfisher.

Les déboires de la compagnie indienne ne sont pas sans impact pour le constructeur aéronautique Airbus, filiale d'EADS, qui avait déjà mis en attente les livraisons d'avions à Kingfisher et devrait perdre une commande de 92 appareils, pour un montant total de 12 milliards de dollars.

Blandine Hénault pour le service français, édité par Natalie Huet

par Anurag Kotoky et Henry Foy

Valeurs citées dans l'article : Kingfisher Airlines Ltd, EADS