Lagardère a progressé de 1,89% à 23,68 euros près avoir officiellement communiqué ce matin les grandes lignes de son projet de transformation en société anonyme. Celui-ci faisait l'objet d'intenses rumeurs depuis plusieurs jours, et l'abandon du statut de commandite, qui permet à Arnaud Lagardère d'avoir un droit de véto sur toutes les décisions stratégique alors qu'il ne détient que 7% du capital, était au centre d'une bataille avec les principaux actionnaires du groupe depuis plusieurs mois.

Comme cela était évoqué dans la presse ces derniers temps, l'abandon de ce statut très particulier s'accompagnera en contrepartie d'une attribution de 10 millions d'actions nouvellement émises (correspondant à environ 7,62 % du capital social de la Société pré-émission et environ 7,08 % du capital post-émission) au bénéfice d'Arnaud Lagardère. Sa participation se portera donc à environ 14% du capital du groupe.

Ce dernier serait par ailleurs désigné Président-Directeur Général, pour la durée de son mandat d'administrateur de six ans, comme certains médias l'avaient également mentionné le weekend dernier. Pierre Leroy, actuel Secrétaire Général de Lagardère SCA, serait quant à lui désigné Directeur Général Délégué.

Les principaux actionnaires de l'éditeur ont également obtenu satisfaction sur la composition du conseil d'administration du futur groupe: celui-ci serait en effet composé de 11 membres, dont 3 proposés par Arnaud Lagardère, 3 par Vivendi (qui détient 27% du capital), et un pour chacun des trois autres principaux actionnaires, à savoir Qatar Holding, Amber Capital (détenteur de 20% du capital) et Financière Agache (environ 7,8%).

Enfin, le dernier point crucial, qui est au centre de toutes les attentions depuis samedi, concerne l'intégrité du groupe Lagardère. La presse parlait d'un accord de non démantèlement pour une période de cinq ans en échange du changement de statut. Mais le projet de transformation stipule à ce stade que "toute cession d'un actif publishing, travel retail ou médias représentant un montant de chiffre d'affaires supérieur à un seuil fixé pour chacun de ces ensembles d'activités, ne pourrait être décidée sans l'accord du conseil d'administration pris à la majorité des trois cinquièmes de ses membres". Soit 4 voix sur 11.

Cela signifie que, si Vivendi voulait mettre la main sur Europe 1, comme les rumeurs lui en prêtent l'intention, il n'aurait besoin que de l'appui de son allié Amber, avec qui il a fait pression pour obtenir ces changements, pour parvenir à ses fins.

Toutefois, la réalisation de cette transformation est bien évidemment soumise à certaines conditions: d'une part, à l'obtention d'une décision de non-lieu à offre publique de la part de l'Autorité des marchés financiers, et, d'autre part, à l'approbation des assemblées générales des actionnaires commanditaires et des obligataires.

Valeurs citées dans l'article : Lagardère SCA, Vivendi SE