Paris (awp/afp) - La rupture par Varsovie des négociations avec la France autour de la vente de 50 hélicoptères multi-rôles Caracal représente un coup dur pour Airbus Helicopters, affecté par la morosité du secteur, et va le contraindre à prendre des "mesures d'adaptation".

Evalué à 3,14 milliards d'euros, ce contrat représentait une bouffée d'oxygène pour la branche hélicoptères d'Airbus, plombée depuis deux ans par l'atonie du marché du pétrole et du gaz offshore en raison de la baisse des cours.

Airbus Helicopters, qui revendique la première place sur le marché mondial des hélicoptères civils et la quatrième sur celui des engins militaires, opère sur un secteur traditionnellement porté par le secteur pétrolier off-shore ou les gros contrats militaires.

Le groupe n'a livré que 395 appareils et enregistré 383 commandes en 2015, contre 471 appareils livrés et 402 commandes enregistrées un an auparavant. Il emploie environ 15.000 personnes en France et en Allemagne, dont près de 9.000 à son siège de Marignane, près de Marseille.

Mais alors que son patron Guillaume Faury avait prévenu début 2016 qu'il se préparait "à une absence de commandes, ou pas de commandes significatives d'hélicoptères pour le secteur pétrole et gaz au cours des deux prochaines années", le groupe n'a pas fait le plein de contrats militaires depuis 2015, contrairement à ce qu'il espérait.

Il a finalisé cette année un seul gros contrat dans le militaire, 30 Caracal au Koweït pour plus d'un milliard d'euros, ainsi qu'un autre de moindre importance au profit de l'armée britannique pour des hélicoptères H135 destinés à la formation de pilotes.

2015 ne fut guère mieux, avec un seul contrat militaire finalisé en Corée du Sud, alors que le groupe espérait en boucler trois d'importance, dont la commande de 50 Caracal en Pologne.

M. Faury a indiqué aux syndicats en septembre dernier que les quatre derniers mois de l'année "seront cruciaux pour Airbus Helicopters, avec la concrétisation ou pas d'importants contrats en Pologne et en Asie, et la remise en vol du H225", le Super Puma interdit de vol en Europe depuis juin après un accident en Norvège.

Mais même cette concrétisation n'empêchera pas un trou dans la production en 2017-2018, avec de possibles mesures sociales envisagées par la direction. Direction et partenaires sociaux doivent se retrouver fin octobre lors d'un comité d'entreprise, et en interne on indique qu'elles devraient passer par la négociation et le volontariat.

Jusqu'au bout et malgré les tergiversations du gouvernement polonais, Airbus Helicopters espérait matérialiser le contrat.

Le Caracal, en service dans l'armée française, est la dernière évolution des appareils Puma/Super Puma, déjà vendus à plus de 500 exemplaires dans le monde. 138 Caracal sont déjà en service en France, au Brésil, au Mexique, en Malaisie, Indonésie et Thaïlande.

Elle était accompagnée d'investissements compensatoires ("offset"), et notamment une chaîne d'assemblage installée localement, afin de répondre aux demandes du gouvernement polonais.

Las, le gouvernement conservateur, en place à Varsovie depuis novembre dernier, a invoqué la défense des usines polonaises de ses concurrents, l'américain Lockheed Martin et Agusta-Westland, filiale de l'italien Leonardo-Finmeccanica, pour contester le choix de son prédécesseur sur le groupe européen.

afp/rp