Les dernières semaines avaient été marquées par une très brutale contraction du multiple de valorisation, passé de soixante à vingt-cinq fois les profits — et ainsi revenu sur son plancher à dix ans. 

Les investisseurs craignaient un ralentissement de la croissance, et il est clair qu’en dépit d’excellents fondamentaux — voir Lululemon : Mieux que Nike — ladite valorisation avait enflé à un niveau prohibitif.

Ces appréhensions, du reste, n’étaient pas complètement infondées. Le chiffre d’affaires progresse de 10% et les ventes à surface comparable de 6% ce trimestre ; l’année dernière à la même époque, le premier progressait de 24% et les secondes de 14%.

Si l’on se réfère à la prévision du management et que l’on projette une accélération du programme de rachats d’actions — le conseil d’administration vient d’en autoriser un à hauteur de $2 milliards — la valorisation actuelle de $300 par titre oscille autour de vingt fois les profits attendus cette année. 

Ce niveau est donc identique à celui de Brown-Forman, discuté aujourd’hui même dans nos colonnes. Sauf que Lululemon affiche une croissance très supérieure à celle du groupe propriétaire de la franchise Jack Daniel’s, ainsi qu'un mindshare toujours bien réel malgré une concurrence accrue sur son segment. 

Ses pantalons de yoga et autres accessoires sont devenus un véritable standard du vestiaire féminin nord-américain, et cette mode semble prendre à l’international également — particulièrement en Chine, où les ventes progressent de 52%, contre 30% dans le reste du monde.

Lululemon réalise seulement un cinquième de son chiffre d’affaires en-dehors de l’Amérique du Nord. C’est là que réside son opportunité de croissance, avec l’objectif d’atteindre à terme la moitié du chiffre d’affaires consolidé à l’étranger. 

Les prochains trimestres seront assurément ponctués d’analyses contradictoires : les enthousiastes loueront la puissance de l’effet de mode, tandis que les sceptiques rappelleront le douloureux précédent de Under Armour, qui connut un temps semblable croissance explosive sur le segment de l’athleisure masculin avant d’arriver à un point de stagnation.