Les secousses politiques en France et le désamour général pour les actions européennes — en particulier celles dont le sous-jacent entretient une très forte exposition au marché chinois — ramènent-ils LVMH sur un territoire d’opportunité ?
En termes de valorisation, déraison spéculative durant la pandémie mise à part, le titre s’échange depuis dix ans dans un « range » parfaitement bien borné par un plancher de x20 fois les profits et un plafond de x30 ces derniers.
Le second semestre de l’année 2023 avait été marqué par une très soudaine contraction de ce multiple, retombé à son plancher avant que ne s’amorce un rebond fin janvier 2024. Le cours est revenu toucher un multiple de x29 les profits en mars, avant de désenfler à nouveau.
Comme les lecteurs fidèles de Zonebourse le savent bien, depuis quatre ou cinq ans ce comportement aussi erratique que prévisible fut exploité à merveille au sein de notre portefeuille Europe PEA. Cet épisode sera-t-il différent ?
L’action LVMH s’échange présentement à x22 le profit attendu en 2024 et x20 le profit attendu en 2025. Les derniers résultats trimestriels étaient plutôt bons, ou disons nettement moins mauvais qu’escompté — nonobstant un réel ralentissement des ventes sur le segment spiritueux — et Bernard Arnault est depuis quelques temps déjà acheteur du titre sur le marché.
Son groupe reste l’incontesté poids-lourds du secteur du luxe, avec une capitalisation boursière qui surpasse la somme de celles de Hermès, Richemont, Kering et Prada réunis, tous suivis de près par nos analystes et fréquemment discutés dans nos colonnes. Son point-fort : une diversification stratégique d’une extrême habilité, et des économies d’échelles en matière de marketing et de distribution sans commune mesure sur tous les segments.
Chacun de ces segments — mode et maroquinerie, montres et joaillerie, parfums et cosmétiques, vins et spiritueux, distribution — affiche une performance de croissance si insolente depuis vingt ans qu’on n’est guère surpris de voir le marché contrarié dès que cette dernière semble marquer le pas. Voir à ce sujet Rappel des Fondamentaux.
Inflexion structurelle ou simple reprise de souffle ? La réponse, bien sûr, découlera largement du dynamisme de la demande chinoise.
LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE est le leader mondial des produits de luxe. Le CA par famille de produits se répartit comme suit :
- articles de mode et de maroquinerie (48,9%) : marques Louis Vuitton, Kenzo, Celine, Fendi, Marc Jacobs, Givenchy, etc. ;
- montres et bijoux (12,7%) : marques Bulgari, TAG Heuer, Zenith, Hublot, Chaumet, Fred, Tiffany, etc. ;
- parfums et produits cosmétiques (9,6%) : parfums (marques Christian Dior, Guerlain, Loewe, Kenzo, etc.), produits de maquillage (Make Up For Ever, Guerlain, Acqua di Parma, etc.), etc. ;
- vins et spiritueux (7,7%) : champagnes (marques Moët & Chandon, Mercier, Veuve Clicquot Ponsardin, Dom Pérignon, etc. ; n° 1 mondial), vins (Cape Mentelle, Château D'Yquem, etc.), cognacs (notamment Hennessy ; n° 1 mondial), whisky (notamment Glenmorangie), etc.
Le solde du CA (21%) concerne essentiellement une activité de distribution sélective assurée au travers des chaînes Sephora, DFS et des grands magasins Le Bon Marché et La Samaritaine.
A fin 2023, la commercialisation des produits est assurée au travers d'un réseau de 6 097 magasins dans le monde.
La répartition géographique du CA est la suivante : France (7,9%), Europe (16,4%), Japon (7,3%), Asie (30,8%), Etats-Unis (25,3%) et autres (12,3%).