par Pascale Denis

Le chiffre d'affaires du numéro un mondial du luxe, qui ouvrait mardi le bal des publications du secteur, est ressorti à 4,472 milliards d'euros (+11%), un chiffre nettement supérieur au consensus (4,207 milliards) des analystes interrogés par la rédaction de Reuters. La croissance organique, près de deux fois supérieure aux attentes, a atteint 13% au lieu des 7% prévus.

Le groupe a expliqué avoir bénéficié d'une forte reprise de ses ventes en Europe et aux Etats-Unis et d'une poursuite "d'excellentes performances en Asie".

Il s'est cependant voulu prudent, indiquant, lors d'une conférence téléphonique, qu'il ne fallait pas extrapoler à l'ensemble de l'année ses chiffres du premier trimestre, des déclarations qui ont pesé sur le titre en Bourse dans l'après-midi.

"Les chiffres sont de bon augure pour le reste de l'année, mais il ne faut pas tenir la reprise de nos marchés pour acquise et le groupe reste concentré sur sa génération de cash flow et le contrôle de ses coûts (...) y compris publicitaires", a précisé le directeur financier de LVMH, Jean-Jacques Guiony, lors d'une conférence téléphonique.

LVMH a également indiqué qu'il poursuivrait ses investissements de façon "sélective" compte tenu des incertitudes existantes sur la vigueur de la reprise.

LE TITRE LIMITE SES GAINS

Après une vive progression en Bourse, où le titre a touché un plus haut de près de 10 ans à 92,36 euros, la valeur a limité en clôture ses gains à 1,46% pour s'échanger à 90,05 euros. Le CAC a cédé de son côté 0,46% tandis que l'indice européen des biens de consommation gagnait 0,4%.

A ce niveau de cours, le titre signe une progression de près de 15% depuis janvier. Il se traite sur des multiples de valorisation d'environ 20 fois ses bénéfices estimés pour 2010, en ligne avec la moyenne du secteur hors Hermès.

L'ensemble des analystes ont salué des chiffres jugés très solides, qui laissent anticiper de bonnes publications pour les autres acteurs du luxe.

"Le consensus a sous-estimé le rebond dans les vins et spiritueux", explique Antoine Belge, analyste de HSBC, qui salue également la performance de l'ensemble des divisions "qui ont toutes fait mieux que prévu" et ont toutes enregistré des croissances organiques à deux chiffres.

Les ventes trimestrielles ont été tirées par les restockages dans les divisions qui avaient été les plus durement touchées par la crise, à savoir les vins & spiritueux et les montres, qui ont aussi bénéficié d'un effet de base particulièrement favorable.

RESTOCKAGES

Après cinq trimestres successifs de baisse, le chiffre d'affaires du pôle vins & spiritueux a grimpé de 20% à structure et taux de change comparables, alors qu'il s'était effondré de 22% un an auparavant. Le champagne (Moët et Chandon, Dom Perignon, Krug ou Ruinart) a profité de la reprise des commandes des distributeurs et le cognac (Hennessy) d'une bonne demande en Asie liée aux fêtes du nouvel an chinois.

Ce rebond est de bon augure pour le redressement des marges du pôle au premier semestre, relève un analyste.

Dans les montres et la joaillerie (Tag Heuer, Hublot, Fred ou Chaumet), les ventes ont rebondi de 34%, après un plongeon de 41% au premier trimestre 2009.

Dans la mode-maroquinerie qui avait, elle, bien résisté dans la crise (+4% au T1 2009) grâce à Louis Vuitton, principal centre de profit du groupe, les ventes ont signé une hausse de 10%, là aussi supérieure aux attentes.

"Même Vuitton, qui n'avait pas de base de comparaison favorable, signe une très forte progression", relève un analyste qui a souhaité garder l'anonymat.

La croissance organique de Vuitton a atteint deux chiffres, a indiqué LVMH qui ne publie jamais le chiffre précis des ventes de sa marque aux célèbres sacs monogrammés.

Ailleurs, les ventes ont progressé de 13% dans la distribution sélective (Sephora, DFS) et de 12% dans les parfums et cosmétiques, tirées par les parfums Christian Dior.

Edité par Jean-Michel Bélot