REVOICI avec précision à l'avant dernier para: Hautes-Alpes et Alpes de Haute-Provence

PARIS (awp/afp) - Les manoeuvres continuent dans l'univers des télévisions locales, qui peinent à peser ensemble, alors que des acteurs nationaux, comme BFM ou France 3, avancent leurs pions dans la France des territoires.

L'annonce début décembre de la fin du rapprochement entre BFM Régions et le réseau Vià, regroupant 22 chaînes de télévision locales, a douché les espoirs des chaînes membres de ce réseau qui comptaient sur cet accord pour trouver un nouveau souffle, en s'adossant à un grand opérateur, tout en conservant leur indépendance.

Pourquoi cet échec? Côté Altice, maison-mère de BFM, on invoque la découverte d'"un certain nombre d'incohérences et un niveau de dette substantiellement plus important qu'au début des discussions", initiées avec Vià en septembre 2019.

Un argumentaire jugé "fallacieux" par Christophe Musset, copropriétaire du réseau Vià. BFM "connaissait les chiffres" et les suivait "mois par mois depuis juin 2020", garantit-il, expliquant la dégradation des comptes du réseau par des investissements coûteux mais nécessaires à ce partenariat.

Première victime de cette rupture, la chaîne francilienne Vià Grand Paris, placée en redressement judiciaire fin novembre, qui comptait notamment sur l'arrivée de BFM pour se développer.

"On va se reconcentrer sur nos territoires" avec pour "objectif premier d'avoir le moins de casse sociale possible sur les 119 salariés" du réseau Vià, dit à l'AFP M. Musset, d'autant plus sonné par le retrait de BFM que le projet avait obtenu le feu vert du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Le CSA se dit lui-même "soucieux de l'intérêt du téléspectateur" et "très attentif à l'évolution de la situation".

Une chaîne nationale pour les territoires ?

Car si l'information de proximité a le vent en poupe, comme l'a illustré la crise des "gilets jaunes", la situation financière de la cinquantaine de chaînes locales opérant en métropole et outremer n'en reste pas moins fragile.

Ces petites structures à l'actionnariat varié (investisseurs privés, acteurs publics et/ou groupes de PQR, la presse régionale) vivent de la publicité mais aussi de contrats avec les collectivités territoriales.

En 2017, leurs revenus atteignaient près de 93 millions d'euros, selon une étude du CSA, mais elles accusaient dans leur ensemble une perte nette de 1,4 million d'euros.

Cependant, "des chaînes arrivent à être à l'équilibre ou à gagner de l'argent", assure Patrick Venries, directeur général du groupe Sud-Ouest, propriétaire de TV7 Bordeaux et TVPI.

L'audience est là avec 1,4 million de téléspectateurs par jour, confirme Fabrice Schlosser, coprésident de Locales.tv, l'association du secteur.

Outre des initiatives pour créer des programmes partagés, l'organisme a demandé en février au CSA l'attribution d'une fréquence TNT nationale (deux étant vacantes depuis l'arrêt de France Ô et de France 4), pour créer une "télévision des territoires". Une demande demeurée en suspens.

L'enjeu: la pub numérique locale

En attendant, une autre alliance locale, "Territoires TV", a été annoncée début décembre par Sud-Ouest, Le Télégramme, La Voix du Nord et La Nouvelle République du Centre-Ouest, qui possèdent à elles toutes sept chaînes.

"La PQR est pourvoyeuse d'informations pour les médias nationaux mais est constamment pillée", avance Hubert Coudurier, directeur de l'information du Télégramme et président de Tébéo (Télé Bretagne Ouest)

Entre "les GAFA d'un côté, BFM, France 3 de l'autre, nous, on ne retire rien", estime-t-il.

L'ambition? S'unir pour produire des contenus audiovisuels communs qui alimenteront les sites d'information et chaînes de télévision, dont les rédactions sont déjà en train de converger au sein de chaque groupe.

Ils visent un gros gâteau publicitaire: près de 2,7 milliards d'euros ont été investis en communication sur les sites internet et autres supports numériques locaux en 2019, contre plus de 500 millions d'euros dans la PQR et 90 millions dans les télévisions et cinémas locaux, selon France Pub.

Or ces groupes de PQR sont très bien implantés, avec une centaine de millions de visiteurs en octobre à eux quatre.

De leur côté, les acteurs nationaux avancent méthodiquement. France 3 se transforme en réseau de chaînes à dominante locale, en s'appuyant sur France Bleu, dont la chaîne codiffusera les 44 matinales d'ici 2022.

BFM affirme pour sa part conserver son ambition "intacte" avec le lancement début 2021 des chaînes BFM Dici, dans les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence, qui s'ajouteront à ses quatre autres chaînes.

Restent les télés locales dont "tout le monde a l'air de se foutre alors que c'est fondamental", déplore un déçu du réseau Vià.

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