ajoute fermeture des bureaux de vote, un sondage et déclarations de Mme Caputova

BRATISLAVA (awp/afp) - Une militante contre la corruption en Slovaquie devrait remporter l'élection présidentielle qui s'est achevée samedi soir dans un pays marqué par le meurtre, l'an dernier, d'un journaliste engagé dans le même combat, selon un sondage réalisé peu avant le scrutin et publié après la fermeture des bureaux de vote.

Avocate spécialiste de l'environnement, sans expérience politique, Zuzana Caputova, 45 ans, était créditée selon ce sondage réalisé jeudi et vendredi par l'institut Focus de 55,20% des votes, alors que le commissaire européen à l'Energie Maros Sefcovic, 52 ans soutenu par le pouvoir, en enregistrait 44,80%.

Des résultats partiels devraient être connus dans la nuit, des résultats complets dimanche matin.

S'ils devaient confirmer les chiffres du sondage, Mme Caputova, descendue dans l'arène avec le mot d'ordre "Luttons contre le mal!", pourrait devenir la première femme présidente de la Slovaquie, un pays membre de la zone euro.

"Cette campagne a montré que des valeurs telles que l'humanisme, la solidarité et la vérité sont importantes pour notre société", a déclaré Mme Caputova peu avant la publication du sondage, remerciant ses partisans et les membres de son équipe.

La juriste, à l'époque une vice-présidente du parti Slovaquie progressiste, qu'elle a quitté tout récemment, avait participé aux manifestations après l'assassinat du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée.

Il s'apprêtait à publier un article sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne.

Les manifestations, d'une ampleur inédite, ont mis à mal le gouvernement du parti Smer-SD.

Elles ont entraîné la démission du Premier ministre Robert Fico, qui reste cependant chef du parti et allié du Premier ministre actuel.

Jusqu'à présent, cinq personnes ont été interpellées, dont le commanditaire présumé du meurtre - un multimillionnaire qui entretiendrait des liens avec Smer-SD.

Jeudi, le Parlement européen a appelé la Slovaquie à poursuivre l'enquête "y compris sur toutes les connexions politiques possibles".

Les députés européens se sont déclarés "préoccupés par les présomptions de corruption, de conflits d'intérêts, d'impunité (...) dans les cercles du pouvoir slovaque".

Comparée à Macron

Les analystes comparent Mme Caputova au président français Emmanuel Macron, un outsider arrivé au pouvoir en 2017 avec un programme réformiste.

"Une histoire similaire s'est déroulée à la dernière élection présidentielle en France, où le représentant d'une nouvelle tendance politique et un nouveau mouvement politique ont triomphé", a déclaré à l'AFP Aneta Vilagi.

Les promesses électorales de la candidate, divorcée et mère de deux enfants, incluent la protection de l'environnement, le soutien aux personnes âgées et une réforme de la justice qui priverait "les procureurs et la police de toute influence politique".

M. Sefcovic a pour sa part promis des avantages sociaux plus importants aux personnes âgées et aux jeunes familles, le renforcement de la politique industrielle et une revitalisation du secteur agricole.

Les deux candidats sont pro-européens.

Légitimité

Le président sortant Andrej Kiska a soutenu Mme Caputova.

Ondrej Hutira, un magasinier de 59 ans, a choisi "un candidat homme".

"Je préfère avoir un homme à un poste aussi important", a-t-il déclaré à l'AFP.

Ladislav Kuchta, 66 ans, partage son opinion ajoutant que "Nous ne voulons pas avoir une Angela Merkel en Slovaquie".

Certains électeurs ayant donné leur voix à Mme Caputova l'ont expliqué à l'AFP par leur refus d'appuyer le candidat soutenu par le parti au pouvoir.

Pour Ivan Polakovic, un économiste de 44 ans, Mme Caputova était "le seul choix possible", alors que Slavomir Kubani, un financier de 39 ans a estimé qu'il ne pouvait pas "voter pour quelqu'un soutenu par Smer-SD, nous avons eu une assez mauvaise expérience avec eux".

"Sefcovic représente un parti qui collabore avec la mafia" a déclaré quant à lui Oliver Strycek, technicien en informatique.

"Cela ne me dérange pas que Caputova n'ait aucune expérience politique, car je ne vois personne digne de confiance parmi les politiciens, même pas au sein des partis de l'opposition. Une personne politiquement propre est ce qu'il y a de mieux pour ce poste", a-t-il ajouté.

Le président slovaque ne gouverne pas, mais il ratifie les traités internationaux et nomme les plus hauts magistrats. Il est aussi le commandant en chef des forces armées et dispose du droit de veto.

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