par Johan Ahlander et Kevin Krolicki

En confirmant la signature d'un accord avec Spyker, GM n'a pas révélé les détails financiers de l'opération mais une source proche du dossier a déclaré que le constructeur néerlandais verserait un total de 400 millions de dollars (284 millions d'euros), dont 74 millions en numéraire et le solde en actions à paiement différé.

La vente de Saab à Spyker est conditionnée à la garantie par l'Etat suédois d'un prêt de 400 millions d'euros de la Banque européenne d'investissement (BEI). Stockholm a dit à GM que le dossier était à l'étude.

Saab, dans le giron de General Motors depuis 1989, n'a que très rarement été bénéficiaire au cours des deux décennies écoulées, le groupe américain n'étant pas parvenu à trouver un public mondial pour la marque, qui compte pourtant un grand nombre d'aficionados parmi les amoureux de l'automobile.

GM a toutefois hésité jusqu'à la dernière minute pour vendre Saab, le constructeur craignant de donner à la concurrence un avantage technologique en cédant sa filiale suédoise.

"General Motors, Spyker Cars et le gouvernement suédois ont énormément travaillé pour trouver une solution à même d'assurer un avenir durable à cette marque unique", déclare John Smith, vice-président de GM, cité dans un communiqué.

Bon nombre de spécialistes estiment que la marque Saab, vieille de 60 ans, a été très mal gérée par General Motors.

"C'est véritablement une marque incroyable. Nous avons là un des exemples les plus frappants de gestion calamiteuse de marque de l'histoire automobile", a déclaré Tim Urquhart, analyste chez Global Insight.

"Saab aurait pu être l'Audi suédois si le constructeur avait été mis sur une bonne voie il y a 20 ans", a-t-il ajouté.

DAVID & GOLIATH

La question de savoir si Spyker pourra mieux réussir que GM reste largement ouverte, ont ajouté des analystes.

Le constructeur néerlandais, qui produit chaque année quelques dizaines de voitures fabriquées à la main, espère pouvoir profiter des ressources techniques de Saab et de son réseau de distribution.

Dans l'anticipation de la conclusion d'un accord, le titre Spyker a bondi à un moment de quelque 80% à la Bourse d'Amsterdam, avant de retomber puis d'être suspendu sur un dernier cours de 3,9080 euros.

De son côté, Saab recevra des fonds pour survivre et une injection d'esprit d'entreprise.

Comme ce qui avait failli se passer avec Koenigsegg, un autre fabricant de niche qui avait conclu un accord pour racheter Saab avant de renoncer, l'acquisition réalisée par Spyker présente toutes les apparences d'un scénario à la David contre Goliath.

Spyker emploie environ 100 personnes alors que les effectifs de Saab sont de 3.400. Le constructeur suédois a vendu plus de 90.000 voitures l'an dernier, contre 43 contre Spyker.

Même avec l'envolée du titre Spyker enregistré cette semaine, la capitalisation boursière du groupe reste inférieure à 85 millions d'euros.

Le seul point commun entre les deux groupes est leur incapacité à gagner de l'argent, ce qui explique en grande partie le scepticisme des analystes. Depuis la résurrection de la marque Spyker en 2000, le groupe n'a pas dégagé de bénéfices.

General Motors, qui vient de connaître l'une des années les plus éprouvantes de son histoire, avec notamment un bref passage sous le régime des faillites américain, avait fait de la vente de Saab avant la fin de 2009 l'une de ses priorités en matière de cession d'actifs.

Après l'annulation de l'accord avec Koenigsegg, plusieurs entreprises s'étaient présentées pour racheter Saab. Suite au retrait lundi du fonds d'investissement Genii Capital, qui bénéficiait du soutien du magnat de la Formule 1 Bernie Ecclestone, Spyker était resté seul en lice.

GM avait déjà préparé le démantèlement de Saab, ayant confié il y a 15 jours un mandat au cabinet AlixPartners pour procéder la liquidation, avant de se mettre d'accord avec Spyker.

Version française Benoit Van Overstraeten