-- Le taux de l'obligation à dix ans du FESF monte après la dégradation de la France et de l'Autriche par S&P

-- Les coûts d'emprunt du FESF restent toutefois nettement inférieurs aux pics atteints fin novembre

-- Les participants du marché anticipent un abaissement de la note de crédit du FESF par S&P

-- Fitch a prévenu d'un possible déclassement du FESF, tandis que Moody's a confirmé sa perspective stable

Les coûts d'emprunt du Fonds européen de stabilité financière (FESF) augmentent lundi, dans un contexte d'incertitudes accrues concernant la note "AAA" du fonds.

L'agence de notation Standard & Poor's a annoncé vendredi soir qu'elle abaissait d'un cran la note de crédit de la France et de l'Autriche, à AA+, après avoir émis un avertissement en décembre. L'agence avait alors prévenu que la note du FESF était aussi menacée.

"Un déclassement [du FESF] à AA+ est presque certain", estime Michael Symonds, analyste chez Daiwa Capital Markets, soulignant que cela aurait "des implications négatives pour le dispositif de sauvetage de la zone euro".

Le taux de l'obligation à dix ans du FESF arrivant à échéance en juillet 2021 a atteint 3,07%, soit une hausse de 7 points de base par rapport à la clôture de vendredi, selon Tradeweb. Ce taux reste toutefois sensiblement inférieur aux point haut de 3,96% atteint fin novembre.

Les incertitudes concernant la note "AAA" du FESF sont fortes depuis que la crise de la dette souveraine en Europe s'est aggravée l'été dernier. L'agence S&P a averti le 5 décembre qu'un déclassement des pays apportant leur garantie au FESF serait probablement suivi d'un abaissement de la note du fonds de secours.

"La perte de leur note 'AAA' par l'Autriche et la France signifie qu'il n'y a plus que quatre pays qui conservent une telle note", observe Simon Penn, analyste chez UBS AG, en référence à l'Allemagne, aux Pays-Bas, à la Finlande et au Luxembourg.

Si le FESF perdait sa note "AAA", le fonds pourrait voir sa capacité d'emprunt se réduire, à un moment où de grands pays de la zone euro, comme l'Italie, pourraient avoir besoin d'une aide extérieure pour couvrir leurs besoins de financements.

Fitch Ratings a émis un avertissement similaire concernant le FESF en décembre, tandis que Moody's Investors Service a toujours une note "Aaa" pour le FESF, assortie d'une perspective stable.

Les titres émis par le FESF sont assortis de garanties apportées par les Etats membres de la zone euro, à hauteur de 780 milliards d'euros. Le FESF a une capacité de prêt de 440 milliards d'euros.

Pour que S&P maintienne la note "AAA" du FESF, il faudrait que les autorités de la zone euro acceptent une réduction de 169 milliards d'euros de la capacité de prêt du fonds, ou augmentent encore sensiblement leurs garanties, d'après Royal Bank of Scotland.

Cette deuxième option est "peu probable alors que l'attention commence à se tourner vers le MES", observe la banque, en référence au Mécanisme européen de stabilité qui doit remplacer le FESF.

"Les politiques européens se sont manifestés ce week-end pour dire que la note 'AAA' du FESF serait consolidée", observe un stratégiste taux de Société Générale dans une note. "Ils n'ont toutefois que quelques semaines pour agir. Nous verrons bien", a-t-il poursuivi.

Un porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré lundi que le FESF pourrait remplir sa mission même après les déclassements annoncés par S&P, qui concernent, outre la France et l'Autriche, sept autres pays de la zone euro, dont l'Italie, l'Espagne et le Portugal.

Le FESF a l'intention d'émettre pour la première fois des obligations à six mois mardi.

-Art Patnaude, Dow Jones Newswires

(Version française Maylis Jouaret)