Zurich (awp) - Le géant agroalimentaire Nestlé peut mieux faire pour récompenser ses actionnaires, à en croire le fonds d'investissement Third Point. L'actionnaire activiste américain déplore dans un courrier l'"approche stratégique confuse" du groupe veveysan et exige des objectifs clairs en matière de rentabilité.

La cible de marge de Nestlé devrait se situer entre 18% et 20% d'ici 2020, précise le fonds d'investissements sur son site internet.

Les critiques concernant l'organisation "insulaire, complaisante et bureaucratique" sont particulièrement vives. Celle-ci serait trop "complexe" et "léthargique" et passerait au travers d'un nombre trop élevé de tendances générales, précise Dan Loeb, fondateur de Third Point, dans une lettre aux dirigeants de Nestlé.

Le groupe veveysan n'a pas su anticiper ces dernières années ce qui a permis à des concurrents plus affutés de grignoter des parts de marché, déplore le fonds d'investissement, estimant qu'il est urgent de prendre des mesures pour rattraper le temps perdu.

Les critiques visent aussi la classification des marques et des produits, notamment le groupe "autres catégories" qui ne ferait que détourner le groupe de son coeur de métier et instillerait la confusion dans l'esprit des actionnaires.

Third Point exige des désinvestissements à hauteur de 15% du chiffre d'affaires, afin de se concentrer sur les activité stratégiques. Les recettes de Nestlé ont atteint 89,8 milliards de francs suisses en 2017.

L'Oréal indésirable

Le fonds américain est un fervent partisan d'une cession de la participation historique de 23,2% dans le groupe français L'Oréal. En 2017, la valeur de ce paquet d'actions était estimée à 25 milliards de dollars (24,8 milliards de francs suisses), soit 10% de la valeur de marché de Nestlé.

Les gains retirés de cette vente permettraient des acquisitions ciblées et une rémunération des actionnaires via des rachats d'actions.

Lors de l'entrée dans le capital-actions de Nestlé en juin 2017, Third Point détenait une participation de 1,3%. Le fonds créé par l'homme d'affaires californien Dan Loeb a exercé depuis lors une pression sur le groupe veveysan et le nouveau directeur général Mark Schneider.

La banque d'affaires Jefferies partage les critiques émises par Third Point au niveau de la rentabilité et de la cession de la participation L'Oréal. Les analystes de l'établissement américain se demandent en revanche "si le comportement vindicatif permettra d'atteindre le changement" auquel le fonds aspire.

Avec une participation d'environ 1,3%, Third Point est un petit actionnaire arrivé sur le tard et il n'est pas clair s'il bénéficie d'un soutien parmi les autres investisseurs, souligne Jefferies.

Kepler Cheuvreux a rappelé que Third Point accuse également le président Paul Bulcke d'être un frein au changement dans le groupe, poussant à la nomination d'un administrateur ayant plus d'expérience dans le secteur des aliments et boissons. Le courtier suspecte le fonds américain de vouloir placer Jan Bennink, ex-patron du néerlandais Numico, dans l'organe de surveillance.

A la Bourse suisse, Nestlé profitait de ses annonces pour se démarquer dans une séance morose. Le titre progressait de 0,4% à 77,20 francs suisses, dans un indice SMI en retrait de 0,82% à 13h53.

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