Paris (awp/afp) - Le fabricant de câbles Nexans a annoncé lundi qu'il souffrait d'une dégradation de ses perspectives dans ses activités de haute tension, qui va peser sur ses résultats 2018, une perspective très mal accueillie par les investisseurs.

Le groupe prévoit des ventes organiques stables et un excédent brut d'exploitation (Ebitda) en baisse cette année. Il tablait auparavant sur une petite croissance organique du chiffre d'affaires sur l'année.

Nexans explique être confronté à la fois au report de projets prévus en 2018 et au décalage de contrats déjà enregistrés, dans l'activité de haute tension sous-marine qui avait connu une forte croissance en 2017.

Conséquence de ces mauvaises nouvelles, à 10h20 l'action Nexans plongeait de près de 16% à 30,63 euros, dans un marché en recul de 0,72%.

"Le marché sanctionne cette annonce", a commenté auprès de l'AFP Andrea Tuéni, analyste pour Saxo Banque. "Les perspectives n'étaient pas forcément bonnes et il s'agit d'une valeur surveillée mais les avertissements sur les résultats ont toujours des conséquences négatives sur le cours de Bourse".

Le groupe a expliqué avoir souffert de quatre reports de projets.

"On a très précisément quatre projets qui ont simultanément été déviés (...) Tout d'un coup, ça fait 100 millions qui s'effacent de l'ardoise en termes de ventes", a expliqué le directeur général Arnaud Poupart-Lafarge, lors d'une conférence téléphonique.

Ce report de projets s'est ajouté à une faiblesse des entrées de commandes dans la haute tension terrestre au premier semestre, qui devrait se traduire par un niveau d'activité faible au second semestre.

Enfin, le groupe va prendre des charges exceptionnelles dans les projets de haute tension d'une dizaine de millions d'euros, après l'issue défavorable d'un contentieux au tribunal.

Au total, les ventes 2018 dans l'activité haute tension sont désormais attendues en baisse organique d'environ 160 millions d'euros et l'Ebitda en baisse de 50 millions d'euros par rapport à 2017.

La haute tension avait déjà accusé un recul significatif au premier trimestre, mais le groupe escomptait une amélioration en cours d'année.

Dans les métiers de la haute tension, le groupe prévoyait "une légère contraction des ventes" organiques pour l'année, de 50 à 60 millions d'euros, compte tenu d'un planning d'installations moins favorable qu'en 2017, a indiqué le directeur financier Nicolas Badré lors de la conférence téléphonique. Ce chiffre est donc révisé à 160 millions.

Dans ce contexte, les ventes pour l'ensemble du groupe sont aujourd'hui prévues stables en 2018 en organique (à périmètre et changes constants, cours des métaux constants), et l'Ebitda consolidé en baisse, à 350 millions d'euros contre 411 millions en 2017.

Plan 2018-2022 maintenu

Le groupe maintient néanmoins son plan stratégique 2018-2022. Ce plan prévoyait une croissance limitée du chiffre d'affaires sur les deux premières années du plan, de l'ordre de 2 à 3%, et une accélération sur les trois suivantes.

Ce plan stratégique, baptisé "Paced for growth" (En marche pour la croissance) vise une croissance organique des ventes de 25% à l'horizon 2022 pour atteindre 6 milliards d'euros, et une progression de 50% de l'Ebitda à 600 millions d'euros.

"Ce qui nous arrive là est indépendant du plan et le plan est maintenu", a déclaré Arnaud Poupart-Lafarge. "Ce n'est pas une remise en cause des plans de l'entreprise, de la dynamique de l'entreprise".

Le report des projets prévus en 2018 devrait conduire à ce que l'exercice 2019 soit "plus sûr", a ajouté le directeur général. "2019 se sécurise par les projets décalés de 2018 à 2019", a-t-il dit, en notant que "le carnet 2019 est en train de se remplir".

M. Poupart-Lafarge, qui avait annoncé son départ de la direction générale en mars, a par ailleurs indiqué que le processus de recrutement de son successeur "avance bien".

"On devrait tenir les délais", a-t-il ajouté, en rappelant que l'objectif est que son remplaçant soit choisi d'ici la publication des résultats semestriels fin juillet.

L'an dernier, Nexans a réalisé un chiffre d'affaires de 6,37 milliards d'euros pour un bénéfice net de 125 millions d'euros.

afp/rp