Zurich (awp) - En pleine transformation, le géant pharmaceutique Novartis mise sur une intensification des partenariats public-privé tout en préservant un environnement favorable à l'innovation.

"Pour moi, le plus important, c'est de passer du niveau commercial d'une société focalisée sur le produit à une société centrée sur le patient, les professionnels de la santé et le système", a affirmé dans un entretien au journal Le Temps la nouvelle directrice de la division pharmaceutique (Innovative Medicines) Marie-France Tschudin, en marge du Forum économique mondial (WEF) qui se termine vendredi à Davos.

L'économiste vaudoise déplore que la santé soit aujourd'hui considérée "comme un facteur de coût, comme un impact budgétaire" plutôt que comme un investissement, rappelant que "pendant la pandémie, on a bien vu que les pays qui étaient les mieux préparés, qui avaient une infrastructure et des professionnels de santé bien formés, sont ceux qui ont le mieux géré la situation".

Constatant qu'il est "de plus en plus difficile de faire arriver (les) médicaments aux patients", elle appelle de ses voeux un changement de paradigme. "Au lieu d'avoir une relation transactionnelle avec le système de santé, nous devons faire évoluer le modèle avec des partenariats public-privé et travailler pour atteindre des buts communs", plaide la nouvelle numéro deux du colosse rhénan.

Impliquer tout l'écosystème

Relevant que seuls 10% des patients bénéficient d'un nouveau produit cinq ans après son approbation, "parce qu'il y a des listes d'attente, que les diagnostics ne se font pas assez vite ou qu'on privilégie un médicament moins cher mais moins efficace", Mme Tschudin considère qu'une réflexion doit être menée par l'ensemble des professionnels de l'écosystème de santé, pas seulement par l'industrie pharmaceutique.

Interrogée sur le Zolgensma, une thérapie génique permettant de soigner une forme d'atrophie musculaire spinale moyennant une injection unique facturée 2 millions de dollars, la dirigeante souligne que Novartis a investi un montant 500 fois supérieur et qu'il n'existait pas d'exemple préalable pour monter toute la structure de production.

"Si les conditions deviennent trop contraignantes, cela va nuire à notre capacité à apporter des médicaments pour des maladies rares", prédit Mme Tschudin, rappelant qu'après l'approbation d'un traitement, les groupes pharmaceutiques poursuivent leurs recherches pour d'autres indications.

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