Berne (awp/ats) - Il y a tout juste dix ans, le milliardaire russe Viktor Vekselberg décide de mettre la main sur le conglomérat industriel schwyzois OC Oerlikon, alors appelé Unaxis. Depuis, il n'a eu de cesse de poursuivre ses emplettes en Suisse.

En 2006, Renova, la société d'investissement de l'oligarque, rachète des paquets d'actions d'OC Oerlikon, anciennement Unaxis, à Victory. En mains des investisseurs autrichiens Ronny Pecik et Georg Stumpf, Victory est à ce moment-là l'actionnaire majoritaire de la firme basée à Pfäffikon (SZ).

L'entrepreneur âgé de 59 ans et les deux Autrichiens écopent alors d'une amende record de 40 millions de francs suisses chacun pour avoir manqué à leur devoir d'information au sujet de cette prise de participation. Mais les trois hommes font recours contre ce jugement. Ils seront finalement acquittés par le Tribunal pénal fédéral (TPF) en septembre 2010.

Après avoir durement croisé le fer avec Victory, Renova prend le contrôle de l'entreprise schwyzoise en 2008. La même année, le dernier représentant de la société autrichienne au conseil d'administration jette l'éponge. Renova contrôle désormais 46,11% du groupe.

Né en 1906, le conglomérat industriel, qui a successivement porté le nom d'Oerlikon-Bührle, puis Unaxis au gré de ses multiples réorientations, a essuyé en 2015 une perte de 418 millions de francs suisses, une première depuis 2009. La firme a décidé de concentrer ses activités sur les solutions pour surfaces et les matériaux.

LUTTE ACHARNÉE

Outre OC Oerlikon, le richissime homme d'affaires contrôle l'entreprise Sulzer, basée à Winterthour (ZH), et le groupe sidérurgique germano-lucernois Schmolz+Bickenbach. Tous deux appartiennent à sa société d'investissement Renova, sise à Zurich et fondée en 1990.

Schmolz+Bickenbach est sous l'emprise de l'oligarque depuis 2013. Celui qui a amassé sa fortune dans le pétrole et l'aluminium est parvenu à mettre la main sur l'entreprise après une longue lutte. Face à des actionnaires hostiles, le milliardaire russe a pu toutefois compter sur le soutien des héritiers de la famille fondatrice allemande Schmolz+Bickenbach & Co (S+B).

Pour rappel, Schmolz+Bickenbach est issu du rachat en 2007 de la société lucernoise Swiss Steel par l'allemand S+B. Au final, Viktor Vekselberg est sorti victorieux de son combat, la quasi-totalité des membres du conseil d'administration ayant démissionné en bloc.

Schmolz+Bickenbach a bouclé l'année 2015 dans le rouge. La perte nette du groupe sidérurgique s'est chiffrée à 166,8 millions d'euros (181,9 millions de francs suisses), contre un bénéfice net de 50 millions d'euros en 2014.

MILLIONS DE FRANCS DE RÉPARATION

L'oligarque possède encore Sulzer à hauteur de 63,42%. En 2015, année de la prise de contrôle par Renova, le groupe industriel a vu son bénéfice net plonger de 73,1% à 73,9 millions de francs suisses. Au mois de mars 2016, la firme zurichoise a fermé son site d'Oberwinterthour (ZH), entraînant 90 suppressions de postes.

L'entrée de la société de Viktor Vekselberg au capital du groupe a entraîné de multiples remous juridico-financiers jusqu'à l'automne 2007. Renova détenait alors 33,2% du capital-actions de Sulzer, une part qui n'a eu de cesse de progresser.

En octobre 2010, le Département fédéral des finances (DFF) a mis un terme à la procédure ouverte contre l'homme d'affaires pour non-respect de l'obligation de déclarer une hausse de participation. Le Russe ainsi que les Autrichiens Ronny Pecik et Georg Stumpf avaient, en échange, versé un montant de 10 millions de francs suisses.

CHUTE LIBRE

Les participations détenues par la société Renova de Viktor Vekselberg ont nettement perdu de leur valeur au cours des dernières années, plombées par les résultats des groupes industriels helvétiques. Mi-2015, elles affichaient une valeur nette de 12,9 milliards de dollars (11,68 milliards de francs suisses), contre 18,6 milliards encore fin 2013.

En mai dernier, le responsable des opérations de Renova, Alexey Moskov, confiait au magazine alémanique Bilanz ne pas prévoir de nouvelles acquisitions en Suisse. A fin 2015, la fortune de l'homme d'affaires russe était estimée à 14,7 milliards de dollars.

ats/jh