(Avec détails fournis par le gouvernement provincial, contexte)

par Ben Blanchard

PEKIN, 3 août (Reuters) - L'attaque d'un poste de police et de bâtiments publics lundi dernier par des hommes armés de couteaux dans la région chinoise du Xinjiang a coûté la vie à 37 civils et 59 "terroristes", a rapporté dimanche l'agence Chine nouvelle.

Treize civils ont également été blessés, et 215 assaillants ont été arrêtés.

"C'était une grave attaque terroriste en liaison avec des organisations terroristes de l'intérieur et de l'étranger qui avait été organisée, préméditée et minutieusement préparée", a déclaré le gouvernement du Xinjiang sur son site officiel (www.ts.cn) dimanche matin.

Les assaillants ont attaqué un poste de police et des bâtiments publics dans la ville d'Elixku avant de se rendre dans la ville voisine de Huangdi où ils s'en sont pris à des civils et ont détruit des véhicules sur leur passage.

Ils ont également dressé des barrages routiers, attaqué des passagers et en ont menacé d'autres pour les forcer à les rejoindre, a ajouté le gouvernement provincial.

"La police a saisi de longs couteaux, des haches ainsi que des banderoles terroristes appelant à la guerre sainte", a déclaré Chine nouvelle.

Les médias chinois avaient fait état de cette attaque mardi, citant la police locale, mais en évoquant seulement des dizaines de morts, sans donner de bilan détaillé.

Le Xinjiang, vaste région de l'ouest de la Chine qui abrite la minorité musulmane ouïghoure, est régulièrement secoué par des troubles depuis plusieurs années, imputés par le gouvernement à des militants islamistes et séparatistes qui souhaitent selon Pékin établir l'Etat indépendant du Turkestan oriental.

RAMADAN

Dans son communiqué, le gouvernement du Xinjiang présente un certain Nuramat Sawut, un nom aux consonances ouïghoures, comme le chef des assaillants du 28 juillet et comme un proche du Mouvement islamique du Turkestan oriental, impliqué depuis l'an dernier dans des activités séparatistes islamistes.

"Depuis le début du mois sacré du ramadan, le groupe avait tenu de multiples rassemblements dans des endroits isolés durant lesquels ils ont planifié leurs attaques", a-t-il dit.

Parmi les personnes décédées figurent 35 Chinois Hans et deux Ouïghours de souche qui occupaient des positions élevées au sein du gouvernement local, a-t-il ajouté.

L'attaque a eu lieu le jour de la fin du ramadan, que les autorités chinoises inciteraient les musulmans du Xinjiang à ignorer, selon les militants des droits de l'homme, qui y voient un indice de la discrimination subie par les Ouïghours.

Les violences dans le Xinjiang ont fait plusieurs centaines de morts au cours de l'année et demie écoulée.

Les groupes ouïghours en exil accusent le gouvernement d'être à l'origine de ces troubles par leur politique répressive à l'encontre de la minorité turcophone, une accusation rejetée par Pékin.

"Si Pékin ne change pas sa politique de répression extrême, on risque encore de plus nombreux incidents", a déclaré Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour.

Le chef du Parti communiste au Xinjiang, Zhang Chunxian, a déclaré que le gouvernement continuerait de traquer sans relâche les activistes. "Lutter contre la terreur violente requiert une résolution sans faille", a-t-il dit.

L'arrestation, la semaine dernière par la Chine, du professeur ouïghour Ilham Tohti, champion des droits de sa communauté, n'a rien fait pour apaiser les tensions.

Son sort a attiré l'attention des Etats-Unis et de l'Union européenne et reflète plus largement, selon les groupes de défense des droits de l'homme, une campagne des autorités pour étouffer toute voix dissidente. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)