PARIS (awp/afp) - Dans son quartier général en région parisienne, Peugeot prépare son retour en Championnat du monde d'endurance (WEC) en 2022, et aux 24 Heures du Mans, que le constructeur français compte remporter une quatrième fois.

Une 908 trône dans le hall de Peugeot Sport, à Satory sur les hauteurs de Versailles. Avec ce modèle, le constructeur français a gagné pour la troisième fois les 24 Heures du Mans, en 2009. Trois ans plus tard, en 2012, il avait quitté l'endurance pour raisons budgétaires.

Cet héritage, débuté par les victoires mancelles en 1992 et 1993, la marque au lion le convoque à nouveau en 2022.

"L'endurance est dans l'ADN de la marque Peugeot", explique à l'AFP Jean-Marc Finot, directeur de Stellantis Motorsport, engagé également en Formule E avec DS, dont une monoplace électrique accompagne la 908 dans le hall.

"C'est aussi l'occasion de promouvoir nos voitures hybrides. D'avoir une sorte d'étendard pour notre gamme Peugeot Sport Engineer, dont le premier opus est la 508 PSE", continue-t-il.

Peugeot intégrera la catégorie reine des Hypercars, dérivées des voitures super-sportives, moins rapides que les précédentes LMP1 mais nettement moins chères: une réduction de l'ordre de 80% est promise.

Le budget Peugeot se situe "dans une fourchette de 30 à 50 millions d'euros" indique Finot.

Contre Porsche et Ferrari

La marque affrontera Toyota, engagé contre Alpine et Glickenhaus en 2021, et à l'horizon 2023 Porsche, Audi et Ferrari.

Alors derrière les bureaux de façade, l'Hypercar se monte. Le moteur est passé au banc d'essai au printemps. Le groupe motopropulseur complet, intégrant les transmissions, les quatre roues motrices et l'électrification, sera assemblé et testé à l'automne.

Avant les premiers roulages en fin d'année. Ce sont eux qui dicteront la présence de Peugeot au Mans dès 2022. Car si la marque revient pour la saison 2022, elle ne sait pas exactement quand.

"Comme on homologue la voiture sur cinq ans, avec peu de possibilités de la faire évoluer, il est très important d'avoir un projet mature en termes de performance et de fiabilité. On ne se met pas le couteau sous la gorge, on arrivera quand on estimera que le degré de maturité est suffisant", explique Finot.

En attendant, on simule. Derrière les bancs d'essais et hangars, où traînent des vestiges de l'époque rallye, achevée en 2019 après huit titres mondiaux constructeurs avec Citroën, une petite salle concentre l'énergie : le simulateur.

Mikkel Jensen, plus jeune des six pilotes engagés, en sort tout juste. Il donne ses impressions, débriefe avec les ingénieurs.

"C'est super d'être ici, de voir tous les efforts mis en oeuvre. C'est la première fois que je vis un projet comme ça, c'est un rêve", avoue le Danois de 26 ans.

"Pour les Danois, Le Mans c'est énorme, c'est plus important que la Formule 1. C'est juste fou, il y a beaucoup de supporters sur place, sinon tout le monde regarde à la télé !", raconte Jensen, dont un compatriote, Tom Kristensen, est le plus titré au Mans avec neuf victoires.

Un autre Danois, Kevin Magnussen, l'Américain Gustavo Menezes, le Britannique Paul di Resta et les Français Jean-Eric Vergne et Loïc Duval complètent le casting éclectique, mêlant vécus en endurance ou en Formule 1, jeunesse et expérience.

"Ma carrière est plus derrière moi que devant moi", relève Duval, 38 ans, vainqueur des 24H en 2013 avec Kristensen et Allan McNish et qui entend bien maintenant partager son expérience avec les plus jeunes.

"Je pense que ce sera à ce niveau-là mon dernier contrat et je suis ravi que ce soit avec une marque française, avec Peugeot qui a un super héritage en sport mécanique".

Et pour "boucler la boucle" avec Peugeot, après avoir piloté en 2010-2011 une 908 pour l'écurie Oreca, une seule solution : "La victoire, seul et unique objectif".

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