PARIS, 13 novembre (Reuters) - Voici les principaux extraits de la première grande conférence de presse de François Hollande, six mois après son élection à la présidence de la République française :

"CAP"

"Le cap est fixé, comment l'appeler ? La reconquête, la reconquête de notre avenir. Il sera celui de tout le quinquennat, sans relâchement, ni recul".

"Ma seule boussole, c'est la justice".

"Le redressement prendra du temps mais j'en suis sûr, notre pays a les moyens de conduire ce redressement avec succès".

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POPULARITÉ

"La seule question qui vaille à mes yeux, ce n'est pas l'état de l'opinion aujourd'hui, c'est l'état de la France dans cinq ans".

"Une politique n'est pas une accumulation de propositions ou de mesures, aussi fortes soient-elles. Ce n'est pas une addition de réformes, aussi utiles soient-elles. Ce n'est pas une comptabilité de promesses, aussi respectées soient-elles"

"Je ne prépare pas le sort d'une prochaine élection, je prépare le sort d'une prochaine génération".

"Est-ce que je regarde les sondages ? Oui. Est-ce que j'en commande ? Non. Est-ce que je me détermine par rapport à eux ? Non."

"Vous croyez que c'est facile d'annoncer à la fin de l'été 20 milliards de prélèvements supplémentaires ? Non, mais je le fais."

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GOUVERNANCE

"Je suis un président responsable de tout mais qui ne décide pas de tout, parce que je veux respecter nos institutions".

"Je ne me substitue pas aux ministres, j'interviens au moment où je le pense nécessaire, soit avant soit après; et je laisse le gouvernement travailler".

François Hollande a renouvelé sa confiance au Premier ministre "parce qu'il est d'abord sérieux, c'est important, il est loyal, c'est nécessaire, il est dévoué à la cause publique et il est concret".

"Il sait ce que décider, diriger veut dire et ce que les Français veulent, c'est-à-dire une traduction immédiate de ce qui a été décidé." ( )

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MÉDIAS

"Le premier responsable, c'est moi, car les Français m'ont élu. Quand on conduit l'action gouvernementale avec des médias qui fonctionnent 24h/24 - et même plus !-, il faut faire attention à tout. J'en ai tiré toutes les leçons".

A propos des critiques de la presse : "Franchement, j'ai une conception de la liberté de la presse qui fait que je ne suis touché par rien, et je la respecte".

"Je ne pense pas que les Français se déterminent seulement par ces impressions".

"J'ai connu des situations tellement plus difficiles. Etre président de la République me paraît être la meilleure réponse à mes détracteurs". )

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SITUATION ECONOMIQUE

"Une alternance change le pouvoir mais elle ne change pas la réalité". "Quelle est-elle cette situation ? Elle est grave".

"Nous devons faire nation, c'est-à-dire faire bloc dans un moment particulier".

"Le déclin n'est pas notre destin".

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CROISSANCE

"0,4%, 0,8% on est à la marge" (Le gouvernement français table sur une croissance de 0,8% du PIB en 2013, alors que le FMI et la Commission européenne prévoient 0,4%).

"Nous devons aller chercher cette croissance avec toutes les forces vives de la nation". "Nous allons sortir à un moment ou à un autre de la crise, la question c'est quand et comment".

"Je dois anticiper le pire comme le meilleur. Mais si les économies américaines et asiatiques sont en soutien, alors nous avons des perspectives de croissance. Je veux que la France soit au rendez-vous, soit capable de capter les opportunités de la reprise qui va arriver."

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CHÔMAGE

"Tout a été dit mais tout n'a pas été tenté".

"Nous n'acceptons pas cette progression continue du chômage". "Il ruine, il mine, le chômage, la confiance des citoyens".

"Ce sera la priorité du quinquennat, ce sera ma responsabilité".

"Nous allons avoir une hausse du chômage continue pendant un an".

"C'est suffisamment douloureux pour que je le dise, nous allons nous concentrer à travers les armes nouvelles, les emplois d'avenir, les contrats de génération et le pacte de compétitivité, pour qu'à la fin de l'année (...) nous puissions inverser, inverser seulement la courbe du chômage". ( )

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SÉCURISATION DE L'EMPLOI

"J'appelle toutes les organisations syndicales (...) et les employeurs (...) à nouer cette négociation, à la conclure, et à faire ce compromis historique, sinon le gouvernement prendra là encore la décision". ( )

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IMPÔTS

"C'est grâce à cet effort mené pour 2012 et engagé pour 2013 que, pour atteindre l'équilibre des finances publiques à la fin du quinquennat, il sera possible de se tourner essentiellement du côté des économies budgétaires et non plus du côté des prélèvements".

"J'ai conscience que je demande beaucoup à des catégories supérieures. Je n'entends pas les montrer du doigt, j'entends même saluer cette solidarité".

"Je leur dis que l'Etat aussi aura à faire son devoir pour trouver des économies supplémentaires".

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COMPÉTITIVITÉ

"On me dit, mais il faut faire un choc, ça fait chic, paraît-il. Mais l'économie n'aime pas les chocs, ce que demandent les acteurs de notre économie c'est au contraire de la visibilité, de la stabilité et pas des improvisations, et pas simplement des mesures de circonstance".

Le pacte de compétitivité, "ce n'est pas un cadeau, comme je l'entends, que l'Etat fait. C'est un levier qui offre au système productif, c'est-à-dire aux salariés, aux ouvriers, aux travailleurs, ceux qui font tous les jours la production de notre pays, un moyen de traverser la crise".

"Ce pacte, c'est un exercice de vérité sur le coût du travail, qui n'est pas tout mais qui est tout sauf rien dans les échanges, au niveau de l'Union européenne". ( )

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"VIRAGE" ECONOMIQUE À LA SUITE DU RAPPORT GALLOIS?

"Nous vivons bien plus qu'une crise, nous vivons un changement du monde. Et, c'est pourquoi depuis six mois, j'ai fait mes choix et je m'y tiens sans avoir besoin de prendre je ne sais quel tournant, je ne sais quel virage car ces choix sont conformes à mes engagements, à mes principes et surtout, aux intérêts de la France".

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SECTEUR BANCAIRE

Le chef de l'Etat a confirmé une réforme bancaire à la fin de l'année. Elle "séparera les activités de dépôt, de crédit, que les Français connaissent, qui les rassurent, de celles liées à la spéculation, qui les inquiètent". "Elle interdira aussi les produits toxiques et mettra de l'ordre dans les rémunérations comme dans les bonus." ( )

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MARCHÉS FINANCIERS

"Notre crédibilité est aujourd'hui assurée, les taux d'intérêt sur notre dette publique sont parmi les plus bas de notre histoire".

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LOUIS GALLOIS AU GOUVERNEMENT?

"Ce n'est pas au gouvernement que les personnalités de la société civile réussissent le mieux. En revanche, on peut leur demander de fournir une évaluation d'une situation".

"Même la droite a dit que le diagnostic de Mr Gallois était juste. S'il avait été ministre, aurait-il bénéficié de cette indulgence ? Le pire serait de le faire rentrer au gouvernement, mais ça ne sera pas le cas."

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COUPLE FRANCO-ALLEMAND

"La réalité c'est que la chancelière et moi-même nous avons une responsabilité commune qui est de faire avancer l'Europe, c'est le rôle qui nous est dévolu par l'Histoire et aussi par la taille de nos pays".

"Rien ne doit être fait pour affaiblir cette relation".

"Nous nous parlons franchement avec la chancelière". "Nous ne nous faisons pas la leçon". "Personne ne fait la leçon à personne pas plus sur le sérieux que sur la solidarité".

"Ce que nous avons à faire la chancelière et moi-même ce n'est pas de monter nos opinions publiques l'une contre l'autre". ( )

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UNION BANCAIRE EUROPÉENNE

"L'union bancaire, nous y sommes parvenus. Ça prendra du temps, mais le chemin a été ouvert. J'ai pu introduire la taxe sur les transactions financières, qui pourra voir le jour dès le début de l'année prochaine".

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GRÈCE

"La Grèce attend de recevoir le soutien de l'Europe et du Fonds monétaire international. Ce soutien qui lui a été promis, je considère qu'au-delà encore des quelque mises au point de modalités techniques, ce soutien lui est dû, pour en terminer aussi avec ce qui a pu être un doute sur l'intégrité de la zone euro". (ID:nL5E8MDC6V])

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GAZ DE SCHISTE

"Aujourd'hui, la facturation hydraulique serait une atteinte considérable à l'environnement que je refuse et que je refuserai".

"La recherche est possible sur d'autres techniques que celle de la fracturation hydraulique. Pour l'instant, cette recherche n'a pas abouti, je ne peux pas l'interdire, elle n'est pas interdite pas la loi".

"Je laisse les entreprises, les chercheurs travailler et je prendrai mes responsabilités le moment venu si une technique apparaît". ( )

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DROIT DE VOTE DES ETRANGERS

"Le droit de vote des étrangers aux seules élections municipales ne pourra pas passer par décret. Ce n'est pas le président de la République qui décide du droit de vote".

"Aujourd'hui, cette majorité n'est pas constituée, et donc j'ai dit au gouvernement qu'il travaille pour constituer cette majorité". "Lorsque cette majorité sera envisagée, je prendrai mes responsabilités, mais pas avant". (ID:nL5E8MDC1B])

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MARIAGE HOMOSEXUEL

"Il y a des moments où dans la vie d'une Nation (...) nous devons faire des choix, traduire des évolutions de société, ça paraît périlleux et puis, à un moment, c'est accepté par tous".

"Ce sera (...) un texte de liberté et je ne veux pas en faire un texte de division".

"Toutes les croyances, toutes les sensibilités doivent être entendues et respectées". ( )

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MANUEL VALLS, qui a accusé la droite du retour du terrorisme en France

"Si je puis donner ce conseil et aux uns et aux autres, à ceux qui sont aujourd'hui au gouvernement, à ceux qui sont dans l'opposition, ne perdons pas notre temps, de nous divisons pas, ne polémiquons pas".

Le ministre de l'Intérieur "fait remarquablement bien son travail, y compris par rapport à la lutte contre le terrorisme". ( )

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AURORE MARTIN, la ressortissante française, membre du parti indépendantiste Batasuna, extradée vers l'Espagne où elle a été placée en détention.

"A aucun moment je n'ai donné la moindre consigne pour que Aurore Martin soit contrôlée par qui que ce soit. Le contrôle qui a été fait par la gendarmerie (...) a été fait, comme tout contrôle, fortuitement".

"A aucun moment un membre du gouvernement, garde des sceaux, ministre de l'Intérieur et a fortiori le Premier ministre ou le président de la République, a aucun moment nous n'avons été interpellé pour dire quoi que ce soit au nom de la France". ( )

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SYRIE

"J'annonce ici que la France reconnaît la coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement de la Syrie démocratique permettant d'en terminer avec le régime de Bachar al Assad". ( )

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MALI

"En aucun cas la France interviendra elle-même au Mali. Si nous sommes aux côtés des Africains, ce sont eux et eux seuls qui décident. Si il y a un risque de diffusion dans les autres pays, nous ferons en sorte de les soutenir pour les protéger".

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ALGÉRIE

"L'Histoire doit servir à bâtir l'avenir et pas à l'empêcher".

"Nous aurons à nourrir une relation particulière afin que nous puissions surpasser ce qui est lié à une histoire douloureuse, avec des mémoires blessées. De manière à regarder vers l'avenir, qui offre des potentialités entre nos deux pays". (Sophie Louet avec Service France, édité par Gilles Trequesser et Yves Clarisse)