Voici un récapitulatif de l'impact des sanctions déjà annoncées sur les banques et les investisseurs :

QU'EST-CE QUI A ÉTÉ ANNONCÉ JUSQU'À PRÉSENT ?

Les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Europe et le Canada se sont engagés samedi à retirer certaines banques russes du système de paiement SWIFT, ce qui pourrait porter préjudice à la Russie ainsi qu'à ses partenaires commerciaux.

Mercredi, l'Union européenne a désigné les banques qu'elle excluait : La deuxième banque russe, VTB, ainsi que Bank Otkritie, Novikombank, Promsvyazbank, Bank Rossiya, Sovcombank et VEB. Elle leur donne dix jours pour mettre fin à leurs opérations SWIFT.

La Sberbank, le plus grand créancier russe, et la Gazprombank n'ont pas été incluses dans la liste car elles constituent les principaux canaux de paiement pour le pétrole et le gaz russes, que les pays de l'UE continuent d'acheter. Les deux banques font l'objet d'autres mesures, a déclaré un fonctionnaire européen.

Vendredi, les dirigeants européens avaient adopté des sanctions à l'encontre de Moscou visant, selon eux, 70 % du marché bancaire russe.

Le bloc a également imposé une interdiction d'émettre des obligations, des actions ou des prêts dans l'UE pour le refinancement d'Alfa Bank et de Bank Otkritie, après avoir gelé les actifs de Rossiya Bank, Promsvyazbank et VEB en début de semaine dernière.

La Sberbank, la VTB et la Gazprombank ne sont pas concernées par le gel des avoirs de l'UE.

Le refinancement dans l'UE des entreprises d'État russes est également interdit, à l'exception de certains services publics. Les organismes de règlement des opérations sur titres de l'UE ne seront pas autorisés à servir des contreparties russes, Euroclear et Clearstream ayant déclaré qu'ils n'accepteraient pas les transactions en roubles.

La semaine dernière, le département du Trésor américain a déclaré qu'il ciblait l'"infrastructure centrale" du système financier russe et sanctionnait la Sberbank et la VTB. L'Otkritie, la Sovcombank et la Novikombank ainsi que certains cadres supérieurs de banques publiques figurent également sur la liste des sanctions américaines.

Les banques américaines doivent rompre leurs liens de correspondance bancaire avec le plus grand créancier de Russie, la Sberbank, dans un délai de 30 jours. Ces liens permettent aux banques d'effectuer des paiements entre elles et de déplacer des fonds dans le monde entier.

Les autorités de Washington ont également utilisé l'outil de sanction le plus puissant du gouvernement, en ajoutant VTB, Otkritie, Novikombank et Sovcombank à la liste des ressortissants spécialement désignés (SDN). Cette mesure a pour effet d'exclure les banques du système financier américain, d'interdire leurs échanges avec les Américains et de geler leurs avoirs aux États-Unis.

Les sanctions américaines visent également deux banques d'État biélorusses - Belinvestbank et Bank Dabrabyt - en raison du soutien apporté par le pays à l'attaque de Moscou.

La semaine dernière, le gouvernement britannique a déclaré qu'il imposerait un gel des avoirs à toutes les grandes banques russes, y compris VTB, et empêcherait les grandes entreprises russes de lever des fonds en Grande-Bretagne.

QUELLE SUITE ?

Les grandes banques russes sont profondément intégrées dans le système financier mondial, et les sanctions prises à l'encontre des plus grandes institutions se font déjà sentir bien au-delà de ses frontières - la branche européenne de la Sberbank a été contrainte de fermer après une ruée sur la banque.

Le Trésor américain a déclaré que ses sanctions perturberaient des milliards de dollars d'opérations de change quotidiennes effectuées par les institutions financières russes. Dans l'ensemble, ces institutions effectuent pour environ 46 milliards de dollars d'opérations de change, dont 80 % en dollars.

Les sanctions visent près de 80 % de l'ensemble des actifs bancaires en Russie.

Les banques et les créanciers occidentaux craignent que la Russie ne soit exclue de SWIFT, qui est utilisé par plus de 11 000 institutions financières dans plus de 200 pays.

Après l'annonce faite par l'UE mercredi, la prochaine étape consisterait à étendre ces interdictions à toutes les banques russes, y compris celles qui sont fortement impliquées dans les transactions liées à l'énergie.

Les conséquences de cette mesure sont toutefois complexes, notamment pour les partenaires commerciaux de la Russie. Certains s'inquiètent de la manière dont les paiements pour les importations d'énergie russes seraient effectués et de la possibilité pour les créanciers étrangers d'être payés.

Selon les analystes, si les institutions russes sont mieux à même de faire face aux sanctions que huit ans plus tôt, après l'annexion de la Crimée par la Russie, leur ampleur sans précédent et la coordination des mesures actuelles vont frapper fort.

Les actions de la Sberbank et de la VTB ont dégringolé avant que les autorités russes n'interrompent les transactions pour éviter les sorties de capitaux. Les certificats de dépôt de la Sberbank à Londres ont chuté de plus de 90 % mercredi.

La Sberbank a déjà déclaré qu'elle était prête à faire face à toute évolution. VTB a déclaré la semaine dernière qu'elle s'était préparée au scénario le plus grave.

L'ambassade de Russie aux États-Unis n'a pas répondu aux demandes de commentaires.

QUELLES SONT LES BANQUES ÉTRANGÈRES LES PLUS EXPOSÉES ?

De nombreuses banques étrangères ont considérablement réduit leur exposition à la Russie depuis 2014, mais plusieurs créanciers occidentaux ont été impliqués dans des transactions et ont d'autres relations.

Les actions des banques ayant des opérations importantes en Russie, comme l'autrichienne Raiffeisen Bank International et la française Société Générale, ont fortement chuté. Un indice européen des valeurs bancaires a perdu 15 % depuis jeudi.

Raiffeisen envisage de quitter la Russie, ont déclaré cette semaine à Reuters deux personnes ayant connaissance du dossier. Un porte-parole de la RBI a déclaré qu'elle n'avait pas l'intention de quitter la Russie.

Les banques italiennes et françaises avaient chacune des créances impayées de quelque 25 milliards de dollars sur la Russie au troisième trimestre de 2021, selon les chiffres de la Banque des règlements internationaux.

Les banques autrichiennes avaient 17,5 milliards de dollars. Ce chiffre est à comparer aux 14,7 milliards de dollars des États-Unis.

Graphique : Exposition des banques à la Russie : https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/myvmnxmabpr/banks%20russia.PNG