Même si l’action réagit plutôt bien à la nouvelle tant les attentes des investisseurs étaient basses, les résultats annuels du groupe, publiés hier, sont franchement catastrophiques : le chiffre d’affaires dévisse de 23%, et le résultat net de 37%.   

Sans surprise, c’est le segment cognac qui boit la tasse avec des ventes en baisse de 25% et un profit d’exploitation qui diminue de 35% ; sans les augmentations de prix pour compenser la chute des volumes, les ventes auraient baissé davantage encore, de 30%.

Pas grande matière à réjouissance du côté du segment autres liqueurs et spiritueux, avec des ventes qui diminuent là aussi, quoique dans des proportions bien moins dramatiques. Cette partie de l’activité ne représente cependant qu’un cinquième du profit d’exploitation consolidé, tandis qu’elle génère des marges deux fois inférieures à celle du cognac.

A propos de cognac, justement, ce n’est pas en Chine — où l’on craignait de voir Rémy Cointreau exposé à des mesures de rétorsion douanières — mais aux Etat-Unis que la dégringolade est la plus sévère : la baisse des ventes y atteint presque 40%.

Ce n’est écrit nulle part, mais les craintes sont vives que l’effet de mode soit passé et que les consommateurs afro-américains — le coeur de cible du marché de cognac en Amérique du Nord, en particulier depuis que les artistes de rap en firent un quasi fétiche culturel — privilégient désormais d’autres spiritueux.  

Le management, c’est de bonne guerre, tempère et promet une reprise graduelle de l’activité dès cette année, puis un retour de la croissance l’année prochaine. Il annonce aussi — sans rire — être « en avance » sur son plan à dix ans.

Tout ceci ce qui ne l’a pas empêché de tailler agressivement dans le gras, notamment en matière de marketing, ce qui comme chacun sait peut vite se révéler une lame à double tranchant. 

Un sujet bien réel chez Rémy Cointreau reste la difficile réconciliation du profit comptable avec les cash-flows. Une large partie du premier vient de l’appréciation des stocks, c’est-à-dire les eaux de vie et spiritueux en phase de maturation dans les fûts.  

A ce titre, et sans surprise, le profit cash — ou cash-flow libre — est de €14 millions sur l’exercice fiscal qui s’achève, soit nettement moins que le résultat net de €185 millions. Ceci explique d’ailleurs que la dette nette progresse de €113 millions.

Malgré ces mauvais résultats, le dividende est maintenu à un niveau record de €2 par action. Il vient cette fois-ci avec une option pour recevoir son dividende sous forme de titres ; voilà qui pourrait faire grincer quelques dents du côté des actionnaires...