par Gilles Guillaume et Emmanuel Jarry

"J'ai confirmé au Président de la République que nous produirons la Clio 4 à Flins, dans un cadre général de 'double sourcing' (deuxième localisation) avec Bursa, en Turquie", a-t-il déclaré.

"Le site de Flins est pérenne et l'emploi y sera maintenu à terme", a-t-il ajouté.

Peu avant, l'Elysée a indiqué dans un autre communiqué que le constructeur au losange s'était engagé à implanter une partie de la production de la Clio de quatrième génération à Flins.

"Renault poursuivra sur le site de Flins la production des modèles actuels de Renault Clio et y implantera une partie de la production de la Clio 4", peut-on lire dans le communiqué présidentiel. Celui-ci ne précise pas non plus dans quelle proportion la nouvelle voiture sera fabriquée en France.

Le gouvernement voulait la garantie que la Clio 4, programmée pour 2013, soit prioritairement fabriquée en France. Il avait pris ombrage d'une fuite prêtant l'intention au groupe de fabriquer cette voiture dans son usine turque, qui produit déjà 180.000 véhicules par an. Renault répondait jusqu'ici que la décision finale n'était pas encore été prise et que la Clio continuerait à Flins jusqu'à ce que la Zoé électrique prenne le relais, voire au-delà.

Christian Estrosi a brandi jeudi la menace d'une augmentation de la participation de l'Etat dans le capital de Renault, qui est aujourd'hui de 15%, pour peser sur sa stratégie industrielle. L'Etat dispose actuellement de deux sièges sur 18 au conseil d'administration du constructeur.

L'actuelle Clio 3, troisième voiture la plus vendue en France l'an dernier, est produite sur trois sites: Flins (38% des 330.350 voitures produites en 2009), Bursa en Turquie (54%), et Valladolid, en Espagne (8%).

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, qui a pris part à la réunion à l'Elysée, a assuré par la suite sur France 5 que les Clio 4 destinées au marché français et à "une grande partie" des besoins européens seraient "prioritairement" produites à Flins.

Carlos Ghosn et le directeur général délégué de Renault, Patrick Pelata, ont été reçu environ une heure par Nicolas Sarkozy en fin d'après-midi. Le conseiller social du chef de l'Etat, Raymond Soubie, a participé à l'entretien, qui a porté, plus généralement, sur la stratégie industrielle du constructeur.

ACCENT MIS SUR LA VOITURE ÉLECTRIQUE

Le communiqué de l'Elysée confirme plusieurs engagements antérieurs de Renault et de l'Etat.

Le constructeur automobile a pour projet, "en accord avec l'Etat", de faire du site de Flins, où sera produite la voiture électrique Zoé à partir de 2012, une "grande plate-forme européenne du véhicule électrique".

Renault reçoit un soutien public dans le cadre du plan de développement des véhicules électriques et des priorités de l'emprunt national qui sera prochainement lancé: 100 millions d'euros de prêts bonifiés pour le développement des véhicules et 70 millions d'euros de prêts pour une usine de batteries.

Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et le Fonds stratégique d'investissement (FSI) investiront également au côté de Renault et Nissan dans le capital de l'usine de batteries.

L'Etat soutiendra par ailleurs le déploiement en France du véhicule électrique grâce à un "super bonus" de 5.000 euros et à la mise en place des infrastructures de rechargement.

"L'Etat actionnaire soutient pleinement la stratégie de Renault SA de développement de produits à haute valeur ajoutée et d'investissement dans le véhicule décarboné du futur", souligne l'Elysée dans son communiqué.

Il a enfin été décidé de mettre en place un groupe de travail réunissant les constructeurs, les équipementiers et fournisseurs de composants pour développer une "meilleure collaboration au sein de la filière automobile".

Sur le plan politique, Nicolas Sarkozy veut de toute évidence montrer que l'aide accordée aux deux constructeurs automobiles français, Renault et PSA, pour surmonter la crise de 2008-2009 (six milliards d'euros de prêts) bénéficie à l'emploi en France.

Les pressions de l'Elysée sur Renault ont amené vendredi la Commission européenne à demander des explications à Paris.

Sur France 5, Christian Estrosi a indiqué qu'il avait répondu que l'État n'intervenait qu'en tant qu'actionnaire, et que ses demandes en matière de localisation s'inscrivaient toujours au sein de l'Union européenne, puisque le débat portait sur la Turquie. Selon le ministre de l'Industrie, la commissaire européenne à la Concurrence Nellie Kroes s'est dite satisfaite de cette réponse.

Edité par Thierry Lévêque