* La ligne de production du mini-moteur 3 cylindres inaugurée

* A puissance égale, ce moteur réduira le CO2 de la future 208

* Immatriculations de PSA en recul de 15,4% en France en novembre

* PSA prévoit une contraction du marché auto européen l'an prochain (Actualisé avec précisions et citations)

par Gilles Guillaume

TREMERY, Moselle, 1er décembre (Reuters) - PSA Peugeot Citroën a inauguré jeudi la ligne de production de son nouveau mini-moteur appelé à équiper la Peugeot 208, modèle grâce auquel il compte redresser ses ventes l'an prochain sur un marché français et européen toujours difficile pour le groupe.

Le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) a annoncé jeudi une baisse de 7,6% des immatriculations de voitures neuves dans l'Hexagone en novembre et une nouvelle chute des ventes de PSA (-15,4%), confirmation des difficultés que le premier constructeur français rencontre depuis la rentrée sur le segment des petites voitures. (voir )

"Ce que l'on voit est très lié à la fin de la 207, il y a toujours un impact dans la courbe de vie des produits", a expliqué Philippe Varin, président du directoire de PSA, à la presse en marge de l'inauguration de la ligne de production du moteur à trois cylindres - contre quatre pour une motorisation classique - qui équipera la 208 à partir du printemps prochain.

Qualifiée par Philippe Varin d'"enjeu absolument clé pour le groupe", la voiture remplacera le couple 207/206+. Grâce à ce modèle, PSA espère reprendre l'offensive sur un segment particulièrement affecté par la fin des primes à la casse et sur lequel les constructeurs se livrent une guerre farouche depuis l'été.

Cette situation, et la dégradation des perspectives européennes avec la crise de la dette, a conduit PSA à revoir à la baisse à l'automne ses prévisions de résultats 2011 et à annoncer de nouvelles réductions de coûts pour 2012, notamment 6.000 suppressions d'emplois en Europe.

"La guidance est toujours valable, sur l'année je continue à voir -1% en Europe pour le marché", a poursuivi Philippe Varin. "On sera, en Europe, probablement en croissance négative l'année prochaine. De combien, on ne sait pas, c'est trop tôt."

EMISSIONS RÉDUITES D'UN QUART

Pour réduire les émissions de CO2, tous les constructeurs se sont lancés dans le "donwsizing", qui consiste à réduire la cylindrée des moteurs sans perte de puissance. Mais l'idée d'aller jusqu'à supprimer complètement un cylindre se heurtait jusqu'ici à des obstacles rédhibitoires.

Moins un moteur possède de cylindres, plus son bruit est heurté comme celui d'un vieux tracteur. De surcroît, un nombre impair entraîne des problèmes de vibrations jusqu'à présent insurmontables.

"On ne disposait pas avant des outils de simulation adéquats", a expliqué Christian Chapelle, directeur des chaînes de traction du groupe. "On a modifié la structure du moteur, on a travaillé sur l'accrochage à la caisse et traité les bruits de bouche, c'est-à-dire les bruits à l'admission et à l'échappement."

Le moteur essence à trois cylindres, baptisé EB, permettra ainsi d'afficher une puissance de 68 à 82 chevaux, mais des émissions de CO2 diminuées de 25% et une consommation de carburant réduite de 1,5 litre au 100. Pour ce projet lancé en 2008 à Trémery (Moselle), la plus grosse usine de moteurs du groupe - et le plus gros site de moteurs diesel au monde - PSA a investi en tout 717 millions d'euros.

"Autant je suis très clair sur le désavantage que nous avons sur les petits modèles du segment B en France par rapport à l'Europe de l'Est (...) autant la situation ici est tout à fait différente", a souligné Philippe Varin.

L'annonce récente des suppressions d'emplois, pour l'essentiel en France, et les incertitudes entourant l'avenir de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont conduit syndicats et politiques à monter au créneau sur le thème de la désindustrialisation de l'économie française.

"Les moteurs et organes sont des produits technologiques dans lesquels la part de main d'oeuvre n'est pas aussi prépondérante que dans l'assemblage", a-t-il ajouté, rappelant que toutes les motorisations montées sur des voitures commercialisées en Europe sont fabriqués en France.

La capacité annuelle du nouveau trois cylindres atteindra à terme 640.000 unités. Il remplacera progressivement le célèbre TU, lancé en 1987 sur la 205 et qui reste l'un des moteurs les plus vendus de l'histoire du groupe. (Avec Julien Ponthus, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : RENAULT, PEUGEOT