par Kevin Krolicki et Jui Chakravorty Das

Les sources ont également évoqué des discussions avec Renault mais une porte-parole du constructeur français a démenti toute discussion, soulignant que "la situation du marché automobile" restait la priorité du groupe. Contacté par Reuters, un porte-parole de Nissan, le partenaire japonais de Renault, s'est refusé à tout commentaire.

Selon plusieurs personnes proches de la situation, Cerberus, qui a racheté il y a près d'un an un peu plus de 80% du capital de Chrysler à l'allemand Daimler pour quelque 7,4 milliards de dollars, oeuvre avec General Motors à une opération prévoyant la cession de certains actifs de Chrysler dans le cadre d'une alternative possible à une prise de contrôle pure et simple par GM.

D'autres ont avancé l'intérêt de Renault pour la marque Jeep, spécialisée dans la construction de 4X4, la plus rentable de Chrysler.

Jeep, autrefois propriété de Renault, avait été cédée à l'américain en 1987 alors que Renault décidait de quitter les Etats-Unis. Carlos Ghosn, actuel P-DG de la marque au losange, n'a jamais caché qu'il espérait que son groupe y fasse un retour le moment venu.

Sur la liste des actifs de Chrysler examinés par GM, figurent une ligne de production dédiée aux monospaces et des usines de camions au Mexique, a précisé l'une des sources.

Certaines personnes au fait des discussions ont rapporté que Chrysler pourrait de son côté acquérir la participation de 49% détenue par GM dans sa filiale financière GMAC. La possibilité d'un échange de ce ticket contre certains actifs de Chrysler a même été évoquée.

Les contacts entre Cerberus et les constructeurs automobiles resteraient préliminaires, même si la forte baisse du marché automobile américain leur a conféré un caractère d'urgence.

GM, Chrysler et Ford doivent faire face à un marché en passe de signer une troisième année consécutive de baisse. Les "Big Three" sont contraints de réduire leurs coûts par tous les moyens.

Les états-majors de GM, Chrysler et Cerberus ont néanmoins refusé de commenter le dossier.

UNE MULTITUDE D'OPTIONS

La direction de Cerberus s'interroge sur le fait de savoir si les actifs stratégiques de Chrysler rapporteraient plus en étant vendus séparément ou dans le cadre d'une opération plus globale. Des sources ont indiqué que plusieurs transactions étaient à l'étude.

Leur concrétisation est toutefois compliquée par la volatilité observée sur les marchés financiers et sur les marchés du crédit. Certaines sources ont expliqué à ce sujet que la tourmente boursière actuelle avait rendu l'exercice des valorisations beaucoup plus difficile.

Une autre source a confié que Cerberus négociait avec Daimler le solde du capital de Chrysler tandis qu'une tierce partie a fait observer qu'en cas d'échec des négociations, Cerberus maintiendrait la marque Chrysler, comme il s'y était engagé lors de l'acquisition initiale.

Le directeur général de la marque, Bob Nardelli, a déclaré cette semaine que son entreprise était impliquée dans des discussions avec plusieurs partenaires potentiels mais a également insisté sur le fait que la société travaillait à son redressement par elle-même.

"Cerberus a significativement sous-estimé la difficulté que représente la gestion d'un groupe automobile, qu'il s'agisse d'un fournisseur, d'une société financière ou d'un constructeur", a fait valoir un banquier.

Des discussions de fusion entre GM et Chrysler avaient déjà eu lieu en 2007, avant que ce dernier ne soit absorbé par Cerberus.

"Au point où nous en sommes aujourd'hui, il n'est pas certain qu'un mariage permettrait d'augmenter la liquidité des deux entreprises, c'est pourtant ce dont Chrysler et GM ont besoin dans le contexte de ralentissement actuel", souligne Robert Schulz, analyste auprès de l'agence Standard & Poor's.

Egalement confronté à des besoins d'argent frais, Ford envisagerait de réduire sa participation de 33,4% dans le capital de Mazda, ont rapporté vendredi des médias japonais.

Version française Matthias Blamont