L'Allemagne et la France veulent donner un nouvel élan à un projet longtemps retardé de développement d'un char de combat commun, ont déclaré leurs ministres de la défense lors d'une réunion à Berlin lundi, espérant qu'une feuille de route sera mise en place d'ici la fin de l'année.

En 2017, Berlin et Paris se sont mis d'accord pour travailler sur un avion de combat commun sous la direction de la France, dont le coût total est estimé à quelque 100 milliards d'euros, ainsi que sur un char de combat franco-allemand pour succéder au Leopard 2 allemand et au Leclerc français.

Mais le projet a été marqué par des désaccords et des retards, ce qui a contribué à resserrer des liens déjà mis à mal par des divergences sur les questions énergétiques et la question de savoir dans quelle mesure l'Europe devrait devenir indépendante des États-Unis en matière de politique de sécurité.

"En dépit de tous les prophètes de malheur et de toutes les rumeurs, nous voulons ce projet commun", a déclaré le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, qui a réaffirmé que le char devait être opérationnel au plus tôt en 2035.

"Nous voulons envoyer un message clair aujourd'hui, comme vous l'avez très bien formulé, à savoir que nous voulons laisser la phase diplomatique du projet derrière nous et commencer le travail concret", a-t-il souligné en s'adressant à son homologue Sébastien Lecornu.

Les ministres ont indiqué qu'ils avaient chargé leurs chefs d'armée de définir les grandes lignes des capacités du nouveau char, afin qu'un document de base soit prêt lors de leur prochaine réunion en France en septembre ou au plus tard au quatrième trimestre.

"Nous avons établi ce calendrier afin de pouvoir fournir des propositions au chancelier (Olaf) Scholz et au président (Emmanuel) Macron sur les contours de ce que sera ce char", a déclaré M. Lecornu.

Les deux ministres se sont visiblement efforcés de démontrer leur harmonie après des mois de querelles entre leurs pays sur diverses questions.

"L'amitié franco-allemande est unique... Il n'y a pas de pays dont nous sommes plus proches à différents niveaux de nos relations que la France", a souligné M. Pistorius, affirmant qu'il prévoyait à nouveau de passer ses vacances en France cette année.

Il a déclaré que M. Lecornu et lui s'étaient immédiatement entendus car tous deux préféraient parler franchement et aborder les questions ouvertement, ce qui permettait de résoudre les problèmes beaucoup plus rapidement "que si l'on passe beaucoup de temps à tourner autour du pot".

"Il y a une méthode Pistorius. Il a une capacité à être très direct, très franc et c'est le meilleur signe d'amitié pour aller de l'avant et nous mettons de côté le côté diplomatique pour nous concentrer sur les résultats", a déclaré M. Lecornu. (Reportage de Sabine Siebold et John Irish à Vilnius, édition de William Maclean)