BERLIN (dpa-AFX) - Les politiciens des Verts et du FDP continuent de pousser le chancelier Olaf Scholz (SPD) à livrer des chars de combat à l'Ukraine. Le président de la commission des affaires européennes du Bundestag, Anton Hofreiter (Verts), a déclaré aux journaux du groupe de médias Funke (lundi) : "Il ne s'agit bien sûr pas seulement de Leopard 2, mais c'est un soutien crucial que l'Allemagne peut offrir". Il faut commencer "tout de suite" à former des soldats ukrainiens sur le Leopard, afin d'éviter de nouveaux retards. Auparavant, l'experte en défense du FDP Marie-Agnes Strack-Zimmermann avait publiquement attaqué le chancelier dans la querelle sur les chars de combat.

Lors de la conférence sur l'Ukraine qui s'est tenue vendredi à Ramstein, en Rhénanie-Palatinat, l'Allemagne n'avait toujours pas pris de décision concernant la livraison de chars de combat dans la zone de guerre, malgré les pressions considérables exercées par les alliés. Le gouvernement fédéral rouge-vert-jaune n'a pas non plus encore donné d'autorisation de livraison à d'autres pays pour les chars produits en Allemagne. Hofreiter a déclaré à ce sujet : "L'Allemagne a fait une erreur considérable à Ramstein et a ainsi perdu encore plus de réputation. Cela doit maintenant être corrigé rapidement".

Toutefois, le président américain Joe Biden s'était montré aussi hésitant que Scholz. Les chars américains doivent d'abord être transportés de l'autre côté de l'Atlantique, leur entretien est plus coûteux et ils consomment trop de carburant, a-t-on expliqué. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, n'a pas non plus annoncé de livraison de chars de combat vendredi. Dans le débat sur les livraisons d'armes, Scholz a souligné à plusieurs reprises que l'Allemagne ne ferait pas cavalier seul, mais qu'elle se concerterait toujours étroitement avec ses partenaires - en particulier avec les Etats-Unis et la France - pour les étapes importantes.

Mais la vice-présidente du Bundestag, Katrin Göring-Eckardt (Verts), a également exprimé sa déception. "J'aurais souhaité que dès cette semaine, le gouvernement allemand ouvre la voie à la livraison de chars Leopard", a-t-elle déclaré aux journaux du groupe Funke Medien (dimanche). "Ceux-ci sont nécessaires de toute urgence en Ukraine. L'Ukraine ne défend pas seulement son propre pays, mais aussi notre liberté".

Mme Strack-Zimmermann, présidente de la commission de la défense au Bundestag, a déclaré samedi à Tagesschau24 : "Si l'on ne veut pas livrer des Leopard 2, il faut expliquer pourquoi. Ensuite, il faut expliquer à l'Ukraine pourquoi". Elle a déclaré : "La discussion sur le Leopard 2 ne nous donne pas une bonne image, car bien sûr le monde occidental attend de l'Allemagne qu'elle dirige". Selon elle, cette attente est en fait un compliment. "Et nous sommes découragés. Nous sommes toujours derrière la vague. Donc nous attendons toujours que quelque chose se passe. L'Allemagne attend, la Chancellerie attend que la pression monte, et alors, d'une certaine manière, on se met en marche".

Le chef du groupe parlementaire SPD, Rolf Mützenich, a rejeté samedi les critiques de la politicienne FDP à l'encontre de Scholz et a déclaré : "Une politique en temps de guerre en Europe ne se fait pas dans le style des rituels d'indignation ou avec un souffle coupé, mais avec clarté et raison".

Le ministre de la Défense Boris Pistorius (SPD) a répondu au "Bild am Sonntag" à la question de savoir quand la décision sur les chars Léopard pour l'Ukraine serait prise : "Nous sommes en dialogue très étroit avec nos partenaires internationaux, en premier lieu avec les Etats-Unis, sur cette question". Afin d'être parfaitement préparé à d'éventuelles décisions, il aurait demandé vendredi à son cabinet de "tout examiner de manière à ce que nous ne perdions pas inutilement de temps si cela devait arriver". Il a également annoncé dans l'interview qu'il souhaitait se rendre en Ukraine dès que possible, "probablement même dans les quatre prochaines semaines".

Pistorius a pris ses fonctions jeudi, après la démission de Christine Lambrecht de son poste de chef de département./bg/DP/jha