Morges (awp) - Romande Energie a retrouvé l'an dernier les chiffres noirs, grâce notamment à des cessions immobilières et malgré les nouveaux correctifs de valeur d'envergure inscrits par son concurrent Alpiq, dans lequel il détient une participation. L'entreprise entend mettre les bouchées doubles dans le domaine des services énergétiques, pour lesquels une unité d'entreprise dédiée verra le jour à l'été. Les actionnaires se verront proposer un dividende relevé.

L'énergéticien a dégagé en 2015 un bénéfice net de 1,2 mio CHF, contre une perte de 147,1 mio CHF en 2014. La participation indirecte dans Alpiq a continué à peser, mais son impact négatif a été divisé par plus de deux, à 77,6 mio CHF.

Au niveau opérationnel, la rentabilité a progressé plus rapidement que le chiffre d'affaires. Les ventes du groupe vaudois ont atteint 600,0 mio CHF, en hausse de 3,0%, tandis que l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a gagné 7,8% à 161,6 mio CHF. L'Ebit a bondi de 11,2% à 104,6 mio CHF.

En plus de l'impact des 876 mio CHF de correctifs de valeur opérés par Alpiq, dont Romande Energie détient indirectement des parts via son engagement de 29,7% dans EOS, qui dispose lui même de 31,4% d'Alpiq, le groupe vaudois devise à 9 mio CHF l'impact négatif induit par le franc fort.

Le volume d'énergie distribué sur le réseau du groupe s'est enrobé de 0,5% à 2816 GWh, tandis que le volume d'énergie vendue a égaré 4,7% à 3110 GWh. Le recul de 14% de la production propre est attribué à des conditions météorologiques défavorables. Celle-ci a représenté 13% de l'électricité distribuée aux clients de Romande Energie.

Fort du résultat 2015 positif, le conseil d'administration proposera le 24 mai en assemblée générale le versement d'un dividende ordinaire de 33 CHF par action, en hausse de 10% et représentant une sortie de trésorerie de 34 mio CHF.

Pour l'année en cours, la direction mise sur une performance opérationnelle du même acabit que la dernière, sous réserve d'évènements exceptionnels.

SERVICES REGROUPÉS ET ÉTOFFÉS

Une nouvelle division sera lancée au 1er juillet, baptisée Romande Energie Services. "Nous n'avons pas créé cette nouvelle unité d'entreprise pour que ses activités continuent à ne générer que quelques pourcents de notre chiffre d'affaires", a prévenu en conférence de presse le directeur général (CEO) Pierre-Alain Urech.

La direction prévoit d'acquérir des sociétés actives dans les domaines où sa palette actuelle s'avère lacunaire. "Nous sommes déjà en négociations avec plusieurs cibles potentielles", a assuré le patron.

L'objectif affiché est d'intégrer à l'horizon 2020 le top trois romand des fournisseurs de services, soit de générer un chiffre d'affaires dans ce domaine supérieur à 100 mio CHF. "Ces activités représentent pour l'heure un revenu annuel de 21 mio CHF", a pour sa part précisé le directeur financier (CFO) Denis Matthey.

Il n'a en revanche pas souhaité indiqué la part des 423,5 mio CHF de trésorerie disponible qu'il entend consacrer à ces acquisitions.

PORTEFEUILLE D'ALPIQ SOUS LA LOUPE

La mise en vente des 49% du portefeuille hydraulique d'Alpiq fait également l'objet d'un examen approfondi. "Le processus vient de débuter et risque de s'étaler encore sur des mois, voire des années" a insisté M. Urech. "Nous préférerions nous offrir un barrage complet, plutôt qu'une participation sur le portefeuille" a précisé le CEO, taclant au passage la manque de logique industrielle d'une vente de ce genre.

L'intérêt de Romande Energie dépendra d'une part du mécanisme de fixation de prix qu'adoptera Alpiq et d'autre part de la rentabilité des participations proposées. "La marge devra au final s'inscrire en positif" a expliqué M. Urech. "Nous n'investirons pas à perte" a résumé son bras droit.

Le tandem de direction n'exclut pas non plus des emplettes dans les énergies renouvelables à l'étranger. "En Suisse, nous avons déjà investi 10 mio CHF dans des projets éoliens, et aucun n'a encore pu être réalisé en raison des incessantes procédures" a argumenté M. Urech pour expliquer ses velléités d'expansion hors frontières.

La production renouvelable indigène n'est pour autant pas écartée, mais nécessitera une plus grande volonté politique. Il faudra également encore plancher sur des solutions de stockage intelligentes pour ces sources d'approvisionnement aléatoires.

Revenant sur le récent report d'une libéralisation complète du marché de l'électricité, M. Urech a souligné que la première étape avait eu pour effet de dynamiser son entreprise, tant en matière d'efficacité que de diversification vers les services. Une ouverture complète rendrait en revanche la situation extrêmement délicate, au vu des tarifs en vigueur sur le Vieux Continent.

A la Bourse suisse, la nominative Romande Energie s'appréciait de 2,5% à 958,00 CHF vers 13h35 dans de très faibles volumes, alors que son indice de référence (SPI) grappillait 0,51%.