Paris (awp/afp) - Sanofi a relevé vendredi son objectif annuel, à la faveur de résultats "solides" au troisième trimestre, et a décidé d'engager un "processus de dissociation" de ses activités génériques en Europe, en vue de les céder d'ici 12 à 24 mois.

Les activités génériques du groupe en Europe ont représenté l'an dernier un chiffre d'affaires de 800 millions d'euros, en croissance d'environ 4,7% par rapport à 2014, a rappelé vendredi le directeur général de Sanofi, Olivier Brandicourt, lors d'une audioconférence.

Elles représentent quelque 3.000 emplois à temps plein, la plupart en République tchèque et en Roumanie, et "environ 200 en France", a-t-il précisé.

"Ce sont des activités aujourd'hui solides et rentables. Cependant pour continuer à gagner des parts de marché nous devrions nous étendre dans d'autres segments dans lesquels nous ne sommes pas très bien positionnés", a-t-il expliqué.

Sanofi va rester présent dans les génériques dans les autres parties du monde et en particulier dans les marchés émergents, y compris en Russie, a ajouté le directeur général.

Au troisième trimestre, le bénéfice net du géant pharmaceutique français a progressé de 2,8% à 1,67 milliard d'euros pour un chiffre d'affaires de 9 milliards d'euros (+2%), selon un communiqué.

Ces résultats publiés n'incluent toutefois pas Merial, filiale de santé animale que Sanofi s'apprête à échanger notamment contre des actifs de santé grand public du laboratoire allemand Boehringer Ingelheim.

Cette méga-transaction doit toujours être finalisée d'ici la fin de cette année.

En incluant Merial, dont l'activité est prise en compte dans l'objectif annuel du groupe, le bénéfice net trimestriel a augmenté plus conséquemment, de 9,7% à 2,3 milliards d'euros, et les ventes agrégées ont totalisé 9,65 milliards d'euros (+2,1%).

- Rachat d'actions de 3,5 mds EUR -

L'entité de médecine de spécialités Sanofi Genzyme et celle des vaccins Sanofi Pasteur "continuent d'être les principaux moteurs" de l'activité du groupe, a commenté M. Brandicourt.

A taux de change constants, l'activité de Genzyme a progressé de 16,9% à 1,2 milliard d'euros au troisième trimestre, tandis que celle de Sanofi Pasteur a grimpé de 14,4% à 1,8 milliard d'euros, soutenue par une livraison précoce de vaccins contre la grippe aux Etats-Unis.

A l'inverse, l'activité dans le diabète et le cardiovasculaire (hors marchés émergents) a décliné de 2,5% à 1,58 milliard d'euros, tout comme l'activité dans la médecine générale et les pays émergents (-2,4% à 4,37 milliards d'euros), pénalisée notamment par la Russie.

Sanofi prévoit désormais une croissance "de 3% à 5%" de son bénéfice net par action (BNPA) des activités à taux de change constants cette année, contre une évolution "globalement stable" sur un an précédemment.

Le groupe a également annoncé vendredi un programme de rachat d'actions pour 3,5 milliards d'euros, devant être finalisé d'ici fin 2017.

Ces deux annonces ont soutenu le titre Sanofi à la Bourse de Paris, où il a clôturé en hausse de 3,73% à 71,43 euros, dans un marché en progression de 0,33%.

Le programme de rachat d'actions avait été annoncé dès l'annonce de négociations exclusives avec Boehringer Ingelheim en décembre 2015, mais son ampleur n'était pas encore connue.

Sanofi a les ressources nécessaires pour le régler grâce au paiement prévu d'un montant brut de 4,7 milliards d'euros de la part du laboratoire allemand pour équilibrer leur échange d'actifs.

Ce programme a pour principal objectif d'éviter une dilution de la rentabilité du groupe l'an prochain, une fois que Merial sera sorti de ses comptes.

Sanofi est resté financièrement discipliné jusqu'à présent cette année, ayant notamment échoué à acquérir la biotech californienne Medivation, spécialisée dans l'immuno-oncologie.

Medivation est tombée cet été dans l'escarcelle du géant américain Pfizer pour 14 milliards de dollars, un prix largement supérieur à l'offre du groupe français, qui n'avait pas souhaité surenchérir.

"Nous étions déçus de ne pas acquérir Medivation", a reconnu M. Brandicourt vendredi, estimant toutefois que Sanofi sera capable à terme de "reconstruire une position de marché significative en oncologie" à partir de son portefeuille interne de médicaments en développement et de ses collaborations avec d'autres biotechs, comme l'américain Regeneron.

Le directeur général n'a pas totalement fermé la porte à d'autres acquisitions: Sanofi dispose de ressources financières suffisantes pour agir "rapidement" si de nouvelles "opportunités attractives" se présentaient, a-t-il souligné.

afp/rp