Baar ZG (awp/ats) - La direction du fabricant zougois de spécialités chimiques Sika va proposer aux héritiers de racheter elle-même le paquet d'actions de la famille. Cela permettrait au conflit lié à la reprise de l'entreprise de prendre fin, a déclaré Paul Hälg, président du conseil.

Dans une interview donnée aux journaux NZZ am Sonntag et Schweiz am Sonntag, Paul Hälg ne veut toutefois pas donner de détails concrets sur ce projet avant d'avoir discuté avec la famille Burkard-Schenker. Cette dernière détient, via la holding SWH, 16,4% du capital-actions mais 52,6% des droits de vote.

Le président du conseil d'administration de Sika estime que ce serait une solution rapide et financièrement attractive pour la famille, qui permettrait de conserver l'indépendance de l'entreprise. Les actionnaires publics en profiteraient également.

Il ne serait pas nécessaire de rechercher un acheteur externe, a poursuivi Paul Hälg. Sika pourrait financer une offre d'achat par ses propres moyens. "Nous avons un bilan très solide et, cette année, nous nous retrouvons économiquement" à un niveau record.

Cette proposition de Paul Hälg fait suite au jugement de vendredi soir du Tribunal cantonal zougois. Ce dernier a rejeté la plainte déposée par les héritiers du fondateur de Sika. La limitation à 5% de leurs droits de vote aux assemblées générales est légale.

Pour rappel, l'affaire remonte à la fin de l'année 2014. En décembre, Saint-Gobain a conclu un contrat proposant 2,75 milliards de francs suisses aux membres de la famille Burkard-Schenker pour racheter leur participation. Jugeant la transaction infondée économiquement et stratégiquement, la direction et les représentants indépendants du conseil d'administration de Sika s'y sont toujours opposés.

Famille liée par un contrat

Afin d'empêcher l'actionnaire majoritaire d'élire des administrateurs acquis à sa cause, l'organe de surveillance de Sika a limité les droits de vote de SWH lors des assemblées générales de 2015 et 2016. Le conseil d'administration s'est basé sur les statuts de la firme pour procéder à ce plafonnement.

Le verdict du tribunal cantonal ne clôt pas pour autant cette affaire. La famille héritière a d'ores et déjà annoncé son intention de faire appel. Elle estime que la limitation "sélective" de leurs droits de vote est "contraire à la loi".

Interviewé par les journaux dominicaux alémaniques Zentralschweiz am Sonntag, SonntagsZeitung et Ostschweiz am Sonntag, Urs Burkard, membre du conseil d'administration de Sika et porte-parole de la famille, est confiant dans le fait que le récent jugement ne tienne pas devant une Cour supérieure.

Pour Paul Hälg, c'est maintenant le moment d'arriver à un compromis et de trouver une solution. Urs Burkard affirme rester ouvert et être prêt à discuter. L'héritier précise toutefois que la famille est toujours liée par un contrat.

Le groupe français Saint-Gobain a fait savoir vendredi soir qu'il est toujours prêt à poursuivre son projet d'acquisition, qu'il estime "créateur de valeur pour toutes les parties prenantes". Saint-Gobain précise que l'accord intervenu avec la famille Burkard est valable jusqu'en juin 2017 et peut être prorogé jusqu'en décembre 2018.