Alphavalue - C’est comme si les actionnaires de Sodexo étaient moins préoccupés par le manque de visibilité que ne l’est le management. Lorsque les résultats de l’exercice 2011 (clos au mois d'août) furent publiés, on a beaucoup parlé de la contraction possible de la demande en matière de services d'externalisation tels que la restauration dans une économie européenne déclinante. L'Europe représente 41% des revenus. Les investisseurs ne semblent pas partager ces craintes, le titre, tout comme son principal pair, Compass, ayant à peine baissé durant la crise de confiance estivale, pour largement récupérer depuis. Sodexo a ainsi retrouvé sa capitalisation boursière la plus élevée (2007) en 2011, et a nettement dépassé ce chiffre dans les premiers mois de l'exercice 2012.

La société génère des bénéfices de manière consistante, favorisés par de nombreuses acquisitions (4% de croissance de CA supplémentaire pour 2012) avec un équilibre géographique remarquable (36% du CA en Amérique du Nord, 22% dans le reste du monde) et par sa capacité à fournir des services à bas prix, que ce soit en matière de gestion des installations de restauration, des services de santé sur place, ou de bons d'achats etc. La croissance provenant du reste du monde compte pour 60% de la croissance totale, mais ne génère pas vraiment de bénéfices, les marges d'EBIT de cette zone étant encore bien en-dessous des marges moyennes du groupe (3% contre 5%). L'étincelle susceptible de provoquer un regain d’intérêt des investisseurs en 2012 pourrait venir du rebond des opérations aux Etats-Unis (la division « sur-place » aux Etats-Unis affiche des marges d’EBIT plus élevées à 5,5%), outre une baisse du prix des denrées alimentaires par rapport au pic enregistré l’année dernière.

Sodexo est certainement aidé par la valorisation élevée de son concurrent coté dans le secteur des bons d’achats : Edenred. Edenred se traite 23x ses bénéfices 2012 et rappelle combien cette activité peu capitalistique peut être rentable. Les bons d’achats, étrangement appelés « Solutions de Motivation » chez Sodexo, comptent pour 30% des profits et environ 30% des actifs bruts dans une Somme des Parties. La solidité du cours du titre ces 5 derniers mois, bien que très similaire à celle de Compass, a épuisé tout le potentiel de progression par rapport aux pairs. La même chose peut être dite en ce qui concerne la valorisation sur la base d’une Somme des Parties. De sorte que le seul élément positif en matière de valorisation provient de son DCF (25% de potentiel de hausse), qui profite d’un CMPC faible (beta sectoriel faible), mais reste modeste du fait d’une croissance à long terme prudente. On peut cependant compter sur Sodexo pour la croissance de ses futurs résultats.