(Actualisé avec déclarations élus, syndicats et entourage d'Emmanuel Macron)

PARIS, 27 janvier (Reuters) - Le gouvernement français presse la direction de STMicroelectronics de présenter une stratégie de croissance convaincante après l'abandon de son activité dédiée aux décodeurs, qui suscite la colère de syndicats et d'élus.

Le fabricant de semi-conducteurs, dont les Etats français et italiens contrôlent ensemble 27,5%, a annoncé qu'il prévoyait l'abandon progressif de son activité de fabrication de puces pour les boxes, ce qui aura pour conséquence la suppression de 1.400 emplois dans le monde, dont 430 en France.

L'ampleur des suppressions de postes a été réduite par rapport à ce qui était prévu initialement à la suite de discussions avec le ministère français de l'Economie, a assuré le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

"Nous souhaitons que sur la base de ces discussions soit mise en place une nouvelle stratégie pour pouvoir redonner à cette entreprise les éléments de création de valeur et de redressement", a-t-il ajouté.

Il n'a pas souhaité s'exprimer sur l'avenir du PDG Carlo Bozotti, à la tête de STMicroelectronics depuis une décennie.

Le dirigeant italien, qui est âgé de 63 ans, a dit faire du retour à la croissance sa priorité en recentrant l'activité sur les segments porteurs de l'automobile, de l'industrie et de l'internet des objets.

"Le PDG veut détruire la partie la plus avancée de ST sur le plan des produits, de la complexité entre le logiciel et le matériel. Ceci menace aussi directement les technologies les plus avancées, compromettant par là l'indépendance stratégique technologique", déplore la CGT dans un communiqué en interpellant le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, dont le cabinet a reçu les syndicats de STM ces derniers mois.

GOUVERNANCE ET STRATÉGIE POINTÉES DU DOIGT

Plusieurs députés et sénateurs de l'Isère, où STMicroelectronics est un important employeur, sont également sur le point d'adresser un courrier au ministre pour lui demander de définir rapidement, et de concert avec son homologue italien, un plan d'action pour la société.

"L'Etat doit reprendre la copie", a déclaré à Reuters le député socialiste Michel Destot. "Cela fait des mois que nous savons qu'un problème se pose et la décision du conseil d'administration n'est pas acceptable."

La France a trois représentants au conseil, qui en compte neuf.

"L'Etat doit exprimer très clairement sa position dans la redéfinition de cette filière. Il y a de toute évidence un problème de gouvernance et de vision stratégique et l'Etat a une responsabilité grande parce qu'il est actionnaire", a ajouté le député.

L'implication des gouvernements italien et français a déjà permis de conserver des compétences importantes au sein du groupe via le reclassement de 600 salariés, souligne l'entourage d'Emmanuel Macron, rappelant que STMicroelectronics abandonne une partie seulement du digital, les puces pour routeurs et capteurs étant conservées.

Si la réorganisation annoncée mercredi est un premier pas, Paris et Rome attendent encore une stratégie claire de l'entreprise face aux rapides mutations d'un secteur de pointe considéré comme stratégique. (Gwénaëlle Barzic et Jean-Baptiste Vey, édité par Dominique Rodriguez)