TF1 a de son côté fait savoir qu'il ne partageait pas l'argumentaire de l'Autorité de la concurrence, estimant toutefois que les engagement qu'il a pris ne retiraient pas "son intérêt à l'opération", d'un montant de 192 millions d'euros.

"En ce qui concerne les marchés de droits et l'audience, les engagements visent à faciliter la circulation des droits au bénéfice des chaînes concurrentes, afin d'éviter en particulier le gel de certains d'entre eux, et à limiter les possibilités de rediffusion des programmes sur plus de deux chaînes en clair du groupe TF1", a indiqué l'Autorité de la concurrence dans un communiqué.

"Sur le marché de la publicité, ces mesures visent à maintenir l'indépendance des offres d'espaces publicitaires entre TF1, d'une part, et TMC et NT1, d'autre part : TF1 s'engage notamment à ne pratiquer aucune forme de couplage, de subordination, d'avantage ou de contrepartie entre les espaces publicitaires de la chaîne TF1 et les espaces publicitaires de la chaîne TMC et de la chaîne NT1", a-t-elle ajouté.

TF1 s'engage également "à ce que la commercialisation des espaces publicitaires des chaînes TMC et NT1 soit assurée de façon autonome par une autre société que celle qui gère la régie publicitaire de la chaîne TF1".

Le groupe de télévision, qui rachète les deux chaînes à Groupe AB, devra en outre "renoncer à toute forme de promotion croisée des programmes des chaînes acquises sur TF1".

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) devrait se prononcer sur l'opération aux alentours de la mi-février, a précisé une porte-parole, tout en soulignant qu'il n'était tenu par aucun calendrier.

Le CSA se penchera sur l'incidence des modifications du capital des chaînes concernées sur leurs autorisations d'émettre.

Un porte-parole de M6 a précisé que le groupe, propriétaire de la chaîne W9, attendrait cette décision pour se prononcer sur cette opération.

"MOINDRE MAL"

"Au final, nous estimons que les concessions qu'a dû effectuer TF1 limitent l'intérêt de l'opération puisqu'elles réduisent fortement les synergies potentielles entre les trois chaînes", a écrit dans une note Jean-Baptiste Sergeant, analyste chez Gilbert Dupont.

"Il s'agit néanmoins d'un moindre mal, puisque TF1 aurait pu se voir contrainte de revendre NT1", a-t-il ajouté, soulignant que l'autorité de la concurrence n'a finalement pas non plus obligé la chaîne à renoncer au canal supplémentaire auquel le groupe aura droit lors de l'extinction de la diffusion en analogique fin 2011.

L'Autorité souligne dans son argumentaire que la chaîne TF1, qui acquiert environ 40% des films tant américains que français diffusés à la télévision, près de 40% des fictions françaises réalisées pour la télévision et 45% des séries américaines récentes, sera renforcée par TMC et NT1 car elle aura la possibilité de rentabiliser les droits acquis sur trois chaînes en clair au lieu d'une seule.

Elle ajoute que, sur le marché de la publicité, le groupe TF1 garde avec 50% de parts de marché une position dominante "qui ne pourrait être que renforcée par l'acquisition, dans la mesure où, si TMC et NT1 ont pour le moment des parts de marché très faibles (moins de 2% au total), leur potentiel de croissance apparait important".

Benjamin Mallet, avec la contribution de Cyril Altmeyer, édité par Jean-Michel Bélot et Matthieu Protard