Les deux équipementiers pour l'aérospatiale, la défense et la sécurité ont repris au printemps leurs discussions, interrompues à la mi-2010, en vue d'un échange d'actifs, sous la pression de l'Etat, leur actionnaire commun, qui cherche à réduire les doublons dans un secteur de la défense en pleine période de disette budgétaire.

Le spécialiste du nucléaire Areva, qui a annoncé lundi un projet de cessions d'actifs, va céder sa participation de 20% dans Sofradir (détecteurs à infrarouge), Safran et Thales portant la leur de 40% à 50% chacun, ont également déclaré ces sources.

Le projet de JV dans l'optronique, annoncé aux représentants syndicaux lors d'un comité central d'entreprise (CCE) mardi matin, doit être soumis lors des conseils d'administration de Thales et Safran qui auront lieu jeudi, ont-elles ajouté.

"Le schéma à deux JV est enterré", a déclaré l'une des sources, faisant référence au projet de deux coentreprises avec échange d'actifs, l'une dans l'optronique et l'autre dans la navigation inertielle, qui avaient suscité l'inquiétude des syndicats.

"L'idée est de former une JV à caractère uniquement commercial où l'outil industriel sera complètement laissé en dehors - il reste dans les deux groupes - sur le domaine bien précis de l'optronique", a ajouté cette source.

Cette coentreprise pourrait s'inspirer du modèle de CFM International, a expliqué l'une des sources. Cette JV à 50/50 entre Safran et General Electric produit les moteurs CFM56 et Leap qui équipent bon nombre d'avions d'Airbus et Boeing.

"On va ainsi éviter de se concurrencer et de faire deux fois les mêmes études", a dit cette source.

Safran, Thales et Areva n'ont pas souhaité faire de commentaire.

Des sources industrielles avaient déclaré à Reuters en novembre que la crainte d'un conflit social face aux risques pour l'emploi chez Thales et Safran pourrait entraîner le report de tout accord au-delà de l'élection présidentielle du printemps 2012.

L'Etat français détient 30,2% de Safran et 27% de Thales, tandis qu'Areva détient 1,8% de Safran.

Outre l'optronique, technologie mêlant électronique et optique, le périmètre en discussions incluait la navigation inertielle, qui permet à un avion de se guider automatiquement, et la génération électrique, c'est-à-dire l'alimentation en énergie des avions.

Luc Vigneron, le PDG de Thales, avait assuré en novembre que les discussions se déroulaient dans un "bon climat", alors que Charles Edelstenne, patron de Dassault Aviation, premier actionnaire industriel de Thales, avait accusé cet été Safran d'intransigeance.

L'action Safran a affiché mardi l'une des plus fortes hausses de l'indice CAC 40, qu'elle a intégré en septembre, s'adjugeant 1,61% à 23,105 euros, après avoir annoncé lors de sa journée investisseurs qu'il visait une nette amélioration de sa marge opérationnelle courante et de son chiffre d'affaires d'ici 2015.

Thales, qui a gagné 0,77% à 22,305 euros, a cédé 14,8% depuis le début de l'année, contre un recul de 12,8% pour Safran, les deux surperformant le CAC 40 (-19,1%).

Edité par Dominique Rodriguez

par Cyril Altmeyer