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par Casey Hall, Lucy Craymer et Mei Mei Chu

SHANGHAI/WELLINGTON, 13 juin (Reuters) - Les entreprises agroalimentaires européennes, des producteurs laitiers aux exportateurs de viande de porc, s'inquiètent d'éventuelles mesures de rétorsion de la part de la Chine après la décision prise mercredi par l'Union européenne (UE) d'imposer des droits de douane sur les importations de véhicules électriques chinois.

Jeudi, le ministère du Commerce chinois a indiqué que des entreprises nationales se préparaient à demander aux autorités de mener des enquêtes anti-concurrentielles sur certaines importations de produits laitiers et de viande de porc de l'UE.

"Les industries nationales chinoises ont le droit de déposer des demandes d'enquête pour préserver une concurrence de marché normale ainsi que leurs droits et intérêts légitimes", a déclaré un porte-parole du ministère.

L'UE est le deuxième exportateur de produits laitiers vers la Chine, juste derrière la Nouvelle-Zélande et devant l'Australie, selon les données des douanes chinoises. Elle exporte principalement de la poudre de lactosérum, de la crème et du lait frais.

Au sein de l'UE, la France, les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Irlande et le Danemark sont les pays dont l'industrie laitière est la plus exposée au marché chinois.

La France, le Pays-Bas et le Danemark sont également d'importants fournisseurs de viande de porc, avec l'Espagne.

"On est inquiet", a déclaré le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, à des journalistes qui l'interrogeaient sur une éventuelle action de la Chine contre les importations de viande de porc en provenance de l'UE.

"Même si le secteur porcin se porte bien en ce moment sur le plan économique, on sait qu'il y a tout un tas de parties du porc qui ne sont pas consommées en Europe et qui ont besoin de trouver des débouchés et la Chine est un débouché important", a-t-il expliqué.

Avant même l'officialisation par l'UE des droits de douane sur les importations de véhicules électriques chinois, certains responsables européens avaient mis en garde contre le risque de représailles sur les produits alimentaires européens.

Fin avril, lors d'une visite en Chine, le commissaire européen à l'Agriculture, Janusz Wojciechowski, avait déclaré à Reuters avoir l'intention "d'éviter autant que possible que l'agriculture paye le prix des problèmes rencontrés dans d'autres secteurs".

"La position de l'Union européenne est que le libre-échange des denrées alimentaires est un instrument très important pour garantir la sécurité alimentaire au niveau mondial", avait-t-il déclaré.

En janvier, la Chine a lancé une procédure anti-dumping sur l'ensemble des spiritueux, dont le cognac, importés de l'UE dans le pays, une mesure déjà perçue alors comme une représaille à la procédure de l'UE sur les véhicules électriques chinois. (Rédigé par Casey Hall à Shanghai, Mei Mei Chu à Pékin et Lucy Craymer à Wellington, avec la contribution de Joe Cash et Gus Trompiz ; Blandine Hénault pour la version française)