BERLIN, 15 février (Reuters) - La "grande coalition" au pouvoir en Allemagne était en proie samedi à de vives tensions entre les conservateurs bavarois (CSU), alliés traditionnels de la chancelière chrétienne démocrate (CDU) Angela Merkel, et les sociaux-démocrates du SPD au lendemain de la démission du ministre de l'Agriculture.

Les conservateurs bavarois accusent le SPD d'être responsable de la démission de Hans-Peter Friedrich, issu de leurs rangs, et exigent des explications.

Hans-Peter Friedrich était ministre de l'Intérieur du précédent gouvernement lorsque la CDU-CSU et le SPD négociaient en octobre un accord de "grande coalition" après les législatives de septembre remportées par le camp conservateur d'Angela Merkel.

Or, le SPD a fait savoir que Hans-Peter Friedrich avait prévenu à cette époque son président, Sigmar Gabriel, qu'un parlementaire social-démocrate faisait l'objet d'une enquête pour recel présumé de matériel pédopornographique. Ce parlementaire dément ces accusations.

Le parquet de Hanovre, responsable de l'enquête sur ce parlementaire, pense que ce dernier a lui-même été mis au courant des soupçons à son encontre, ce qui aurait pu l'amener à détruire des preuves.

D'après les journaux Bild et Die Welt, Hans-Peter Friedrich était en train de rentrer en Bavière vendredi lorsqu'Angela Merkel l'a appelé pour lui dire de revenir à Berlin afin d'annoncer sa démission.

Pour les éditorialistes et les observateurs de la vie politique allemande, la chancelière a certainement sacrifié le ministre de l'Agriculture, pourtant une personnalité de premier plan du camp conservateur, afin de préserver Sigmar Gabriel, pilier de sa "grande coalition" en tant que vice-chancelier.

Egalement ministre de l'Economie, le président du SPD doit mettre au point une réforme de l'énergie rendue urgente avec l'abandon du nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima, au Japon.

"J'exige que le SPD dissipe ses contradictions ce week-end", a déclaré Horst Seehofer, président de la CSU et ministre-président de Bavière, aux membres de son parti réunis à Bamberg. "Il faut qu'on parle de leur comportement et de leurs actes. Il y a un gros problème lorsque quelqu'un brise sa promesse de confidentialité."

Furieux de cette démission d'un ministre issu de sa formation, Horst Seehofer a apporté son soutien à Hans-Peter Friedrich, qui dit avoir prévenu Sigmar Gabriel par esprit de coopération alors que leurs partis étaient engagés dans des négociations sur la formation d'un gouvernement.

"Friedrich a agi dans l'intérêt de la grande coalition dans son ensemble", a insisté le chef de file de la CSU, en se disant particulièrement irrité par les appels à la démission de Fredrich lancés par des parlementaires SPD. "Les actions des membres de la SPD et leur propension à parler ne peuvent être que condamnées." (Erik Kirschbaum, avec Irene Preisinger à Bamberg; Bertrand Boucey pour le service français)