PARIS, 19 juin (Reuters) - Le gouvernement français devrait acheter une "action spécifique" de TotalEnergies pour avoir un droit de regard sur les décisions stratégiques du groupe français, y compris l'alignement de ses activités sur l'Accord de Paris sur le climat, ainsi qu'un droit de veto face à un éventuel déménagement de son siège social, selon un rapport du Sénat rendu public mercredi.

Les 33 recommandations du rapport, non contraignant, font suite à près de six mois d'auditions par une commission de la chambre haute du Parlement visant à déterminer si les activités de TotalEnergies sont alignées sur les objectifs climatiques de la France.

"On est soucieux que Total reste un groupe français, ça plaira peut-être pas aux investisseurs nord-américains mais c'est comme ça, (...) il y a une visée de souveraineté que nous raffirmons très clairement", a déclaré le sénateur écologiste Yannick Jadot, qui a présenté les conclusions de la commission lors d'une conférence de presse.

TotalEnergies n'a pas répondu à une demande de commentaire.

En vertu de la législation française, le gouvernement peut acheter une seule action dans des entreprises nationales jugées stratégiques et la convertir en une "action privilégiée", ce qui lui permet de bloquer certaines actions, telles que le rachat ou la vente d'une division commerciale clé, si l'opération est jugée préjudiciable à l'intérêt national.

Lors de la présentation des résultats du groupe le 26 avril, Patrick Pouyanné a dit que TotalEnergies envisageait "sérieusement" de transférer sa cotation principale de la Bourse de Paris à celle de New York, citant un intérêt des investisseurs américains que le groupe ne retrouvait pas chez les Européens.

Le patron de TotalEnergies a toutefois assuré par la suite que le groupe ne quitterait jamais la France. (Reportage America Hernandez, version française Diana Mandiá, édité par Tangi Salaün)