Zurich (awp) - Le paquebot bancaire UBS a continué de naviguer sur des mers agitées en 2019, chahuté par le roulis des taux bas. Le gros temps a poussé le dirigeants à raboter les objectifs de rentabilité, comme le prévoyaient les analystes. La division de gestion de fortune, avec le banquier star Iqbal Khan à la barre, a déçu au quatrième trimestre.

Le bénéfice net annuel s'est contracté de 4,7% à 4,30 milliards de dollars, selon les indications fournies mardi par le numéro un bancaire helvétique. "Nous avons progressé dans nos initiatives stratégiques, nous avons réduit nos dépenses de fonctionnement de 4% et notre situation financière reste solide", a déclaré le directeur général Sergio Ermotti, cité dans un communiqué.

L'optimisme du capitaine d'UBS contraste avec certains indicateurs, notamment les recettes, réduites de 4,4% à 28,89 milliards de francs suisses. La persistance des taux bas continue de peser sur les marges de la grande banque. Malgré cela, le conseil d'administration propose de verser un dividende de 0,73 dollar par action, contre 0,70 franc au titre de 2018.

La direction veut continuer à distribuer son trésor de guerre à ses actionnaires, par le biais notamment de rachat d'actions supplémentaires. Le dividende devrait être augmenté d'un cent par année entre 2020 et 2022.

Le groupe zurichois a traversé le dernier trimestre de l'année le vent dans les voiles. En témoignent des indicateurs globalement supérieurs aux prévisions du consensus AWP. Le produit d'exploitation a grappillé 1,1% sur un an à 7,05 milliards de dollars, tandis que le résultat net s'est envolé de 130% à 722 millions.

Parmi les divisions, la banque d'affaires s'est distinguée avec un bénéfice avant impôt presque trois fois supérieur aux attentes, des recettes en hausse de 11% et des dépenses réduites. Les fortes progressions sont à relativiser puisque le secteur bancaire avait essuyé une violente tempête boursière au dernier partiel 2018.

En revanche, la division stratégique de gestion de fortune Global Wealth Management (GWM) n'a pas été à la hauteur des attentes. Le bénéfice avant impôts s'est révélé inférieur de 9% à la moyenne des prévisions des analystes. En outre, UBS n'a pas pu maintenir la collecte à flots et a subi des sorties d'argent à hauteur de 4,7 milliards de dollars.

Promesse d'objectifs tenus

A fin décembre, la masse sous gestion de GWM s'élevait à 2635 milliards de dollars, en hausse de 5,3% grâce à des marchés porteurs. La division est codirigée depuis octobre par le banquier star Iqbal Khan, transfuge de Credit Suisse, et Tom Naratil. Elle fait l'objet d'une restructuration annoncée début janvier, avec 500 suppressions de postes potentielles.

Dans un contexte de faiblesse des taux, la direction d'UBS n'a pas pu maintenir le cap financier, ce que les analystes avaient anticipé. La banque a raboté ses objectifs de rentabilité , le rendement des fonds propres de première catégorie (RoCET1) étant désormais attendu à 12%-15% sur les trois prochaines années, contre 17% pour 2021 jusqu'ici. En 2019, cet indicateur s'est fixé à 12,4%.

La grande banque pourra remplir cet objectif même en cas de difficultés, a assuré Sergio Ermotti en conférence téléphonique.

Les analystes sont partagés sur le sujet. Barclays déplore des objectifs nettement inférieurs aux précédents. Vontobel estime la nouvelle cible comme étant plus réaliste. La Banque royale du Canada affirme que le consensus demeure plus pessimiste sur la rentabilité de la grande banque.

En 2020, le numéro un bancaire helvétique pourra compter sur l'apport exceptionnel de 600 millions de dollars (580,5 millions de francs suisses) engrangé après la vente d'une participation majoritaire dans Fondcenter à une filiale de Deutsche Börse, opérateur de la Bourse de Francfort.

Les investisseurs goûtaient peu aux annonces du jour. A la clôture, le titre UBS a sombré de 4,6% à 12,23 francs suisses, dans un SMI en hausse (+0,35%).

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