(Actualisé avec la réaction de la CFE-CGC)

MARSEILLE, 27 février (Reuters) - La direction de la SNCM a jugé "extrêmement préjudiciable" la position du PDG de Veolia , qui a plaidé jeudi pour un dépôt de bilan de la compagnie maritime en difficulté afin d'échapper aux 440 millions d'euros que lui réclame l'UE.

Lors de la présentation des résultats annuels de l'actionnaire privé de la Société nationale Corse Méditerranée, Antoine Frérot a estimé que sa filiale indirecte devait se mettre sous la protection du tribunal de commerce.

"Ce qui me paraît inévitable, si on veut éviter la mort de la SNCM (...), c'est de trouver une solution viable, pérenne et équilibrée", a-t-il dit lors d'une conférence téléphonique.

"C'est d'abord une solution qui écarte de l'entreprise ou de ses activités les amendes de Bruxelles (...) Ensuite, il faut trouver un plan économique ou un périmètre économique qui soit équilibré. Tout ceci ne peut se faire que dans le cadre d'une protection du tribunal de commerce", a-t-il ajouté.

La SNCM, qui assure notamment la liaison entre la Corse et le continent, est détenue à 66% par Transdev, coentreprise de Veolia Environnement et de la Caisse des dépôts, à 25% par l'Etat et à 9% par ses salariés.

Antoine Frérot a répété le souhait de Veolia de se désengager de Transdev, une opération bloquée par le report du transfert de la SNCM à Veolia.

"Sa volonté de placer la SNCM en situation de dépôt de bilan crée un impact commercial et social extrêmement préjudiciable pour la compagnie", a dit la direction de la SNCM dans un communiqué signé par les présidents du directoire et du conseil de surveillance, Marc Dufour et Gérard Couturier.

"Cette position officielle méconnaît et méprise la position de l'Etat actionnaire et du gouvernement exprimée récemment et à plusieurs reprises", ajoute le texte, précisant que la SNCM et l'Etat français contestaient le remboursement des sommes qualifiées d'aides publiques par la Commission européenne.

"Le passage en procédure collective appelée par les ennemis de la SNCM et ses actionnaires défaillants serait un crime économique, social et financier (...) en même temps qu'un scandale politique majeur", a réagi le délégué CFE-CGC, Maurice Perrin.

"Le groupe encore détenteur des 66% de la SNCM avec la CDC, comme leurs dirigeants, ne peuvent s'exonérer de leurs responsabilités", a-t-il ajouté.

Le remboursement des 440 millions d'euros d'aides d'Etat reçues par la compagnie provoquerait sa faillite et la mise à pied de ses 2.600 salariés.

Selon la SNCM, il n'existe aucune raison économique ou juridique qui pourrait "contraindre la direction de l'entreprise - seule compétente - à solliciter la protection du tribunal de commerce de Marseille pour déposer le bilan".

Les actionnaires de la SNCM se sont séparés mardi sans accord sur la commande de deux navires assortie d'une option pour la construction de deux autres dans le cadre de la mise en place du projet industriel de la compagnie maritime.

Le vote hostile des actionnaires privés, Veolia et Transdev, ainsi que l'abstention des représentants de l'Etat bloquent de fait la commande des navires. (voir )

Un nouveau conseil de surveillance aura lieu le 7 mars. (Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)