Par Cyril Altmeyer

Cette opération annoncée mardi soir, qui devrait être "légèrement relutive" dès 2010 pour Vivendi, entre dans le cadre de la stratégie de développement du groupe de médias et de communication dans des marchés émergents à forte croissance.

L'offre de Vivendi, qui intervient un mois et demi après son abandon des discussions pour racheter les actifs africains de l'opérateur koweïtien Zain, peine à convaincre les analystes, entraînant une baisse de 2,6% du titre à 19,4950 euros vers 14h00.

Vivendi propose de payer 42 reals par action GVT pour 100% du capital, soit une prime de 15,8% par rapport au cours de clôture de GVT mardi.

"Le prix est tout à fait raisonnable par rapport à ce qu'on peut voir dans d'autres circonstances ou d'autres dossiers que nous sommes amenés à regarder de temps en temps", a déclaré à Reuters Jean-Bernard Lévy, président du directoire de Vivendi.

Vivendi, qui conditionne son offre à l'obtention de 51% des titres de GVT, précise que les actionnaires de contrôle et fondateurs du groupe - Swart et Global Village Telecom (Holland) NV - se sont engagés à apporter à l'offre de Vivendi "au minimum" 20% du capital de GVT, sur les 30% qu'ils détiennent.

"GVT est un bon actif, mais il n'a qu'une part de marché de 4% au Brésil", souligne dans une note Polo Tang, analyste chez UBS. "De nouvelles opérations de fusions-acquisitions dans le marché brésilien semblent probables pour acquérir de la taille".

Interrogé sur la marge de manoeuvre de Vivendi pour d'autres acquisitions, notamment au Brésil pour accroître sa taille, Jean-Bernard Lévy a répondu à Reuters: "Ce n'est pas à l'ordre du jour aujourd'hui".

Il a souligné que le rachat de GVT ne remettait ni en cause la notation de la dette BBB du groupe, ni sa politique de dividende, réaffirmée la semaine dernière.

CONTRE-OFFRE DE TELEFONICA ?

Telefonica, copropriétaire avec Portugal Telecom de Vivo, premier opérateur mobile brésilien avec 31% du marché, pourrait faire une contre-offre sur GVT, avance UBS.

"Nous n'avons jamais considéré Vivendi comme un acquéreur probable de GVT et nous estimons toujours que Vivo ou (le mexicain) Telmex devraient pouvoir payer un meilleur prix pour cet actif", remarque de son côté Citigroup.

Vivendi espère pouvoir lancer avant de l'année son offre. Elle est soumise à des conditions devant être remplies avant le 16 octobre - notamment des "due diligence"- et doit également être approuvée par les autorités de régulation.

GVT est un petit opérateur (2,3 millions de lignes au 30 juin), mais avec des taux de croissance annuels de 31,1% du chiffre d'affaires et de 40,2% de l'Ebitda ajusté entre 2006 et 2008.

Jean-Bernard Lévy a précisé à Reuters que GVT réalisait des marges d'Ebitda de l'ordre de 38% en s'affranchissant totalement du réseau de l'opérateur historique - au contraire des opérateurs alternatifs français - et qu'il avait largement autofinancé son développement avec un endettement de 0,4 fois l'Ebitda.

"Si GVT est un actif solide avec d'aussi bonnes perspectives de rentabilité et de croissance, pourquoi les actionnaires vendent-ils et pourquoi des groupes locaux ne sont-ils pas intéressés ?" s'est interrogé Charles Bedouelle, analyste chez Exane BNP Paribas.

Selon des données Reuters, le chiffre d'affaires réalisé par GVT s'est élevé à 1,32 milliard de reals pour l'exercice 2008 clos fin décembre, en hausse de près de 35%.

Le marché brésilien des télécoms représente un tiers de l'Amérique latine en termes de clients, devançant de peu le Mexique, selon des données de l'Idate. En termes de revenus, le marché des télécoms de l'Amérique latine a progressé de 10% en 2008.

Avec la contribution de Leila Abboud et Marie Mawad, édité par Jean-Michel Bélot