Le jury new-yorkais a en revanche relaxé Jean-Marie Messier, P-DG du groupe de télécommunications et de médias à l'époque des faits, ainsi que l'ancien directeur financier Guillaume Hannezo.

A Paris, Hervé Pisani, un avocat de Vivendi, a déclaré que la société était en "total désaccord" avec ce verdict et a déclaré que le groupe français de médias allait faire appel.

"Nous allons exercer toutes les voies de recours contre cette décision", a-t-il annoncé à Reuters lors d'un entretien téléphonique. "Ce qui est reconnu pour les individus, à savoir l'absence de faute, devrait être reconnu pour la société".

Des petits porteurs, estimant avoir été trompés sur la santé financière du groupe, ont lancé la procédure en 2002, accusant Jean-Marie Messier et Guillaume Hannezo d'avoir donné une fausse image de la santé financière de l'entreprise entre octobre 2000 et août 2002, lorsque l'action Vivendi a chuté de près de 90%.

Le rachat, pour 46 milliards de dollars, de Seagram et de Canal avait amené au bord de la faillite un groupe auparavant considéré comme une valeur phare de "la nouvelle économie".

Dans un communiqué publié dans la soirée, Vivendi estime qu'il dispose de nombreux motifs d'appel, y compris l'admission d'actionnaires français dans la procédure et "la méthode erronée de calcul des dommages par les plaignants".

En ce qui concerne le montant des dommages liés à ce verdict, le groupe ajoute dans son communiqué qu'il restera "incertain pour une période longue et encore indéterminée".

DOMMAGES POTENTIELS RÉDUITS DE MOITIÉ

Le montant auquel pourrait être assujetti Vivendi ne peut être calculé pour l'instant parce qu'il est impossible de savoir le nombre total de titres qu'ont négociés les parties, les dates de cession, ni le nombre d'investisseurs qui réclameront des dommages après avoir eu connaissance du verdict.

Quoiqu'il en soit, le tribunal de Manhattan a d'ores et déjà réduit de moitié environ les dommages potentiels que réclamaient les actionnaires.

En effet, selon le document retraçant le verdict, il a été demandé aux neuf jurés de calculer les dommages et intérêts par titre et par jour, compte tenu de l'inflation. Or, le chiffre d'inflation retenu par le jury représente la moitié environ de ce que réclamaient les actionnaires.

"Le jury nous a accordés la moitié de ce que nous demandions", a dit l'un des actionnaires plaignants, Arthur Abbey. "C'est sa façon de rendre justice".

Il estime qu'ainsi Vivendi risque en théorie de devoir verser jusqu'à quatre milliards de dollars.

Vivendi juge pour sa part que le montant des dommages et intérêts à verser est impossible a déterminer.

"Il est aujourd'hui impossible de déterminer le nombre total d'actions échangées par les actionnaires concernés, les dates auxquelles ils ont cédé leurs titres et le nombre d'actionnaires concernés qui soumettront une demande valide d'indemnisation après avoir reçu notification de la décision", a-t-il affirmé.

Grant McCool, avec Juliette Rouillon et Wilfrid Exbrayat à Paris, édité par Marc Angrand