Francfort (awp/afp) - Le géant allemand de l'automobile Volkswagen réclame des indemnités à son ancien PDG, Martin Winterkorn, ainsi qu'à l'ancien patron de la filiale Audi, Rupert Stadler, dans le cadre du scandale des moteurs diesel truqués, selon un communiqué vendredi.

Ces deux anciens dirigeants, déjà impliqués dans des procès pénaux, seront désormais "poursuivis en dommages et intérêts pour manquements en vertu de la loi sur les sociétés", a indiqué Volkswagen à l'issue d'une réunion du conseil de surveillance, sans préciser les montants réclamés.

Cette initiative intervient plus de cinq ans après l'éclatement, en septembre 2015, du vaste scandale mettant à jour le trucage de millions de moteurs diesel des marques VW et Audi notamment, pour les faire apparaître moins polluants qu'ils ne l'étaient en réalité.

A la suite d'une longue enquête confiée au cabinet d'avocats Gleiss Lutz, le conseil de surveillance de Volkswagen est "convaincu" que M.Winterkorn "a violé ses devoirs de diligence" en omettant, en tant que patron du groupe, "d'expliquer le contexte de l'utilisation de fonctions logicielles non autorisées" dans des moteurs diesels 2.0 L, explique le communiqué.

De plus il "n'a pas veillé à ce que les questions posées par les autorités américaines", par qui le scandale a été porté au grand jour, "reçoivent une réponse rapide, sincère et complète".

A M.Stadler, il est reproché de "ne pas s'être assuré" que deux moteurs diesel développés par Audi et utilisés dans les véhicules européens de Volkswagen, Audi et Porsche "devaient être examinés".

Trois autres anciens cadres, deux chez Audi et un chez Porsche, se voient aussi réclamer des indemnités.

Pour en venir à ces conclusions, les enquêteurs de Geiss Lutz ont consulté 1,6 million de dossiers et mené plus de 1 550 entretiens, selon le communiqué.

Des pourparlers entre Volkswagen et les personnes poursuivies vont désormais se tenir dans le but de trouver un accord hors tribunal, indique un porte-parole de Volkswagen à l'AFP. Faute d'y parvenir, une action en justice serait alors la dernière voie à emprunter.

M.Winterkorn "rejette l'allégation portée contre lui" mais est prêt "à clarifier ces questions lors d'un dialogue avec Volkswagen", a indiqué l'avocat de l'ex-patron dans un communiqué.

Chez le géant Siemens, mouillé jadis dans un scandale de corruption de grande ampleur, le conseil de surveillance avait également réclamé des indemnités à deux ex-dirigeants, Heinrich von Pierer et Klaus Kleinfeld. Le premier avait dû verser en 2010 cinq millions d'euros (5,5 millions de francs suisses) à l'entreprise, et le second deux millions d'euros.

afp/lk