La perte comptable atteint $5.6 milliards sur les neuf premiers mois de l’année, contre $2.9 milliards sur l’exercice passé à la même époque. Cette fois-ci, c’est une dépréciation d’actifs à hauteur de $5.8 milliards passée sur VillageMD — pourtant récemment acquis — qui plonge le compte de résultats dans le rouge.

Les choses ne sont guère plus réjouissantes au niveau des cash-flows, même si des cessions d’actifs et transactions type cession-bail permettent de les maintenir à l’équilibre. Vu et revu, le modèle du détaillant en déroute qui n’a plus de bois et se résoud à brûler ses meubles pour se chauffer — tant qu’il en reste — ne finit jamais bien.

S’ajoute à cette conjoncture calamiteuse l’annonce de la fermeture d’un quart des magasins de l’enseigne et, plus grave encore, une cession du pharmacien britannique Boots finalement annulée. Cette dernière, pourtant, semblait absolument nécessaire pour rétablir la solvabilité du groupe, comme nous l'écrivions dans notre précédent commentaire de résultats.

La situation des opérations nord-américaines — où les assureurs contrôlent les marges des pharmaciens, et où une sévit une véritable épidémie de crime et de vol dans les magasins situés en centre-ville — est-elle si critique que vendre les opérations britanniques — en net redressement pour leur part — causerait un naufrage immédiat ?

Malgré une spectaculaire expansion ces quinze dernières années, la destruction de valeur chez Walgreens relève de l’épique. Les marges et la rentabilité des capitaux propres ont subi une érosion continue, même avec un levier financier qui quintuplait sur la période.

Entre acquisitions mal intégrées, endettement excessif et rachats d’actions sans queue ni tête — $14 milliards dépensés entre 2017 et 2019, à des cours sept fois supérieurs à ceux du moment — toutes les erreurs du genre ont été accumulées.

Ceci, sans même évoquer la concurrence féroce de CVS, d'Amazon et du e-commerce en général.