New York (awp/afp) - Bank of America et Wells Fargo ont étoffé jeudi leurs réserves destinées à couvrir les impayés des groupes énergétiques, ravivant les incertitudes sur l'ampleur des dégâts causés par le plongeon des prix du pétrole.

Recalés la veille par la banque centrale (Fed) et la FDIC, un régulateur bancaire, pour avoir soumis des plans de simulation de faillite non satisfaisants, les deux établissements connaissaient des fortunes diverses à Wall Street malgré des résultats solides au premier trimestre.

Le titre Bank of America (BofA) gagnait 1,27% à 13,95 dollars dans les premiers échanges, alors que celui de Wells Fargo perdait 1,04% à 48,53 dollars.

BofA, deuxième banque américaine par actifs, a porté à un milliard de dollars les réserves pour les mauvaises créances du secteur pétrolier et gazier, notamment des groupes de l'exploration et production gazière. Ce montant est le double de ce qui avait été mis de côté au quatrième trimestre 2015.

Les provisions liées aux défaillances des entreprises ont augmenté de 30% à 997 millions de dollars, en raison de pertes éventuelles dues à l'énergie, a souligné la banque dont l'exposition au secteur est de 21,8 milliards de dollars. C'est 2,3% du total des crédits accordés par la banque à fin décembre.

"La banque se sent à l'aise sur ses réserves liées à l'énergie", a toutefois assuré à des journalistes le directeur financier Paul Donofrio, ajoutant que le secteur ne représentait que 2,3% des crédits totaux de la banque.

- Les ménages à la rescousse -

Les dégâts sont plus importants chez Wells Fargo, dont l'exposition totale à l'énergie (lignes de crédit, garanties et lettres de crédit) au secteur est de 40,7 milliards de dollars.

La banque, qui a comme actionnaire le milliardaire Warren Buffett, a porté à 1,06 milliard les réserves pour couvrir les défaillances de ses clients, principalement à cause de l'énergie. C'est la première fois depuis 2009 que Wells Fargo augmente ses réserves. Jusqu'à présent, elle avait plutôt tendance à piocher dedans pour gonfler ses bénéfices.

"Le portefeuille du pétrole et du gaz demeure sous une forte tension en raison de bas prix et d'un excès de levier dans cette industrie. Les hausses des pertes d'actifs sous-performants au premier trimestre sont principalement dues aux défis dans ce portefeuille", explique Mike Loughlin, le responsable des risques.

Les impayés des entreprises ont notamment augmenté de près de 7% au premier trimestre, comparé aux trois derniers mois de 2015.

Près d'un tiers des sociétés énergétiques cotées ont de fortes chances de faire faillite cette année, selon le cabinet Deloitte. Ces groupes cumulent plus de 150 milliards de dollars de dette.

Cette semaine, deux entreprises ont déjà déposé le bilan, pâtissant notamment du plongeon de moitié des cours depuis le printemps 2014: Peabody Energy, le plus gros producteur de charbon américain, et Energy XXI Ltd, un important producteur de pétrole et de gaz.

Au chapitre des bonnes nouvelles: comme indiqué la veille par JPMorgan Chase, les fortes hausses des dépôts des ménages et des crédits accordés aux consommateurs sont un coup de pouce important pour la rentabilité des banques.

L'appétit des consommateurs américains pour les prêts a notamment amélioré la marge nette d'intérêt - différentiel net entre les taux d'emprunt et le taux de placement de l'argent - chez BofA, qui a profité à plein de la première hausse depuis 2006 du taux directeur de la Fed en décembre dernier pour augmenter le loyer de l'argent.

Le bénéfice net de BofA a diminué de 18% à 2,2 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de 19,51 milliards (6,7% sur un an). Le courtage demeure un casse-tête avec un repli de 17,5% des revenus du fait des difficultés.

Le résultat net de Wells Fargo a, lui, baissé de 6% à 5,46 milliards de dollars pour des revenus de 22,2 milliards (en hausse de 4,3%).

Les deux banques semblent également en avoir fini avec les litiges juridiques qui leur ont valu des amendes colossales lors des dernières années.

Bank of America continue par ailleurs à diminuer ses coûts (-6% sur un an) pour renforcer ses fonds propres comme l'exigent les régulateurs.

afp/rp