Paris (awp/afp) - La piètre performance boursière du spécialiste des paiements électroniques Worldline a occupé sans surprise jeudi une bonne partie de l'assemblée générale du groupe, sans pour autant faire obstacle aux résolutions présentées, toutes adoptées.

"Nous tenons cette assemblée générale dans un contexte marqué par les difficultés auxquelles notre groupe a fait face depuis la fin de l'année dernière et qui ont fortement déprécié notre titre", a reconnu d'emblée le directeur général Gilles Grapinet.

A 10,84 euros jeudi en fin de séance (-5,82% sur la journée), le cours de Bourse de Worldline est plus de trois fois inférieur à ce qu'il était il y a un an, et très loin du pic atteint à l'été 2021, au-dessus des 85 euros.

M. Grapinet a mis en avant les facteurs adverses dans le marché européen du paiement, convoquant les performances de ses concurrents Adyen et Nexi, et admis "des éléments qui sont spécifiques" à Worldline.

La révision des objectifs financiers en marge de la publication des résultats du troisième trimestre le 25 octobre dernier avait provoqué une chute historique en Bourse.

"Nous avons pu voir un début de regain d'intérêt sur le titre" ces derniers mois, a assuré le dirigeant, "mais nous sommes totalement conscients que notre niveau de cours reste encore décorrélé par rapport à nos pairs et que nous avons beaucoup de travail devant nous".

Un plan d'économies est en cours, incluant le départ de 8% des 18.000 collaborateurs dans le monde, soit environ 1.400 personnes.

La société mise également sur son partenariat avec le Crédit Agricole, noué en avril 2023. Les liens se sont resserrés en début d'année, à la faveur d'une montée de la banque française au capital du spécialiste du paiement.

Nouveau président

L'assemblée générale se tenait dans un environnement chahuté, plusieurs mois après la fronde d'un fonds activiste, Bluebell Capital Partners.

Afin d'apaiser les tensions avec ses actionnaires, Worldline a annoncé le 21 mars le resserrement de son conseil d'administration, de 15 à 12 membres, en plus des 2 administrateurs salariés.

"Je regrette vivement les procès d'intention qui ont pu être faits à certains" administrateurs, a déclaré le président par intérim Georges Pauget, qui a pris la suite de Bernard Bourigeaud, décédé en décembre dernier.

"Nous avons considéré qu'il fallait prendre des mesures parfois injustes à l'égard des personnes mais nécessaires au regard de l'intérêt de la société", a continué M. Pauget. Il fait partie des administrateurs non reconduits.

Les actionnaires de l'ancienne filiale d'Atos ont validé ensuite l'ensemble des résolutions, y compris les nominations en qualité d'administrateurs de Wilfried Verstraete, ancien patron de l'assureur-crédit Euler Hermes, et du directeur général délégué de Crédit Agricole S.A., l'entité cotée du Crédit Agricole, Olivier Gavalda.

Le premier a été nommé dans la foulée président du groupe, a annoncé Worldline dans un communiqué, à la sortie d'un conseil d'administration qui suivait l'assemblée générale.

"Plus de prudence"

La société, qui se rémunère en commissions sur les paiements de ses clients, subit toujours des vents contraires dans son activité principale.

L'inflation a en effet profité à certains commerçants de taille significative, comme les acteurs du "hard discount", moins rentables pour Worldline.

Les banques BNP Paribas et BPCE ont par ailleurs annoncé jeudi leur intention de créer un partenariat stratégique dans les paiements autour d'une solution technique commune.

L'incertitude politique et géopolitique, pesant sur l'activité économique, ne fait par ailleurs pas les affaires de Worldline.

"Tout ce qui laisse penser qu'il peut y avoir de l'instabilité sociétale, sociale ou politique dans des grands pays européens (...) n'est pas fondamentalement positif pour notre métier", a souligné M. Grapinet, quatre jours après l'annonce surprise de la dissolution du Parlement par Emmanuel Macron et la convocation de nouvelles législatives à l'issue incertaine.

C'est "une invitation à encore plus de prudence dans le pilotage de l'entreprise pour l'instant en attendant (...) que tout ceci se stabilise et nous réinstalle sur des trajectoires plus sereines pour nos peuples, pour nos sociétés", a-t-il ajouté.

afp/rp