Zurich (awp) - Zurich Insurance s'est voulu rassurant avec les investisseurs jeudi, en mettant l'accent sur la réduction des coûts, l'amélioration de la rentabilité et la stabilité du dividende. Si ces éléments ont été positivement accueillis par le marché, certains analystes critiquaient le manque de vision stratégique de l'assureur en pleine restructuration.

"Lors des trois prochaines années, nous allons nous concentrer sur l'augmentation de la rentabilité opérationnelle", a proclamé le nouveau directeur général (CEO) Mario Greco, qui a pris ses fonctions début mars. Ce dernier veut "adapter l'activité aux nouvelles exigences du marché", selon un communiqué diffusé à l'occasion de la journée des investisseurs du groupe à Londres.

Les objectifs financiers ont été légèrement ajustés. Sur la période de 2017 à 2019, le groupe zurichois table désormais sur un rendement de l'excédent d'exploitation (BOPAT ROE) supérieur à 12%, alors qu'il avait précédemment fixé un fourchette de 12% à 14%.

La direction s'attend également à générer des liquidités de 9,5 mrd USD, après plus de 9,0 mrd selon les précédentes estimations. Le taux de fonds propres selon le modèle comptable de l'entreprise ("Zurich Economic Capital Model", Z-ECM) doit quant à lui rester entre 100% et 120%.

L'argumentaire principal s'est axé autour du dividende. Ce dernier devra s'établir au minimum à 17 CHF par action, identique à celui versé au titre de 2015. Le montant devrait néanmoins progresser, vu que le taux de reversement doit progressivement atteindre 75%.

L'autre point essentiel visé par le nouveau patron sont les économies nettes de 1,5 mrd USD attendues d'ici la fin de la période, après 1,0 mrd de réduction des coûts d'ici 2018. Zurich passera en revue ses systèmes informatiques et ses contrats d'approvisionnement. La restructuration devrait engendrer des coûts de 500 mio USD par an en 2017 et 2018.

Les dépenses, qui ont atteint 10,3 mrd USD en 2015, ont été abaissées cette année de 300 mio, auxquels s'ajouteront 1,2 mrd d'économies supplémentaires d'ici fin 2019.

SUPPRESSIONS DE POSTES PAS EXCLUES

Le patron n'a pas exclu de nouvelles suppressions de postes, sans préciser d'objectif à ce niveau. En février, l'assureur avait indiqué élaguer 8000 emplois, dont 750 en Suisse, sur les 55'000 que compte le groupe au niveau mondial.

M. Greco a estimé que la société était "suffisamment solide" et n'avait "pas besoin de changement fondamental". La croissance n'est pas à l'ordre du jour, au vu de la morosité du secteur à l'échelle mondiale, et le groupe préfère se concentrer sur la rentabilité. "Si la croissance mondiale venait à accélérer, nous devrions aussi pouvoir en profiter", a-t-il cependant nuancé.

Zurich Insurance mise essentiellement sur la croissance organique, et non par acquisition, notamment grâce aux importants projets d'infrastructure en Europe et aux Etats-Unis. Des rachats "sensés" ne sont pourtant pas exclus.

Au niveau de l'assurance dommages, le directeur financier (CFO) George Quinn table sur un ratio combiné de 95% à 96%.

Jeudi dernier, le groupe avait dévoilé ses résultats sur neuf mois avec une solide hausse de la rentabilité, malgré des volumes en stagnation. Le volume d'activité total s'est établi à 51,6 mrd USD entre janvier et septembre, un montant stable par rapport aux neuf premiers mois 2015. Le bénéfice d'exploitation (BOP) s'est amélioré de 36% à 3,4 mrd et le résultat net a pris 11% à 2,5 mrd.

Si les objectifs de réduction des coûts ont été revus en hausse, les intervenants devraient "apprécier l'assurance donnée sur le dividende", a souligné Vontobel.

Les spécialistes de Bernstein ont par contre souligné que la nouvelle politique de dividende "ne va pas changer la donne", dans un commentaire. Ces derniers ont évalué les coûts des restructurations à 700-800 mio USD, un montant "étonnamment élevé".

Bernstein a particulièrement relevé le "manque de direction stratégique claire" dans l'annonce du groupe zurichois.

A la Bourse, l'action Zurich Insurance a terminé en hausse de 1,79% à 267,30 CHF, dans un SMI en hausse de 0,64%.

al/jh